C'est un bug potentiel qui met en lumière la dépendance de nombreux internautes aux services en ligne proposés gratuitement par les géants du web et l'absence de contrôle sur les contenus et les informations qu'ils leur transmettent. Ce mardi 31 octobre, en début d'après-midi, de nombreux utilisateurs de Google Docs ont constaté qu'ils ne pouvaient plus accéder à certains de leurs documents en ligne hébergés dans le cloud de Google Drive pour une mystérieuse question de violation des conditions d'utilisation du service.
Le logiciel de traitement de texte collaboratif basé dans le cloud de Google semble indexer des fichiers au hasard prétendument allés à l'encontre de sa politique de confidentialité. Des journalistes de RTL.fr et BFMTV ainsi que de nombreux utilisateurs de Twitter ont rapporté que leurs documents se sont retrouvés verrouillés sans raison apparente. Une fois verrouillés, ils ne peuvent plus être partagés avec d'autres utilisateurs. Les utilisateurs qui avaient déjà accès aux documents ne peuvent plus les consulter non plus.
Contacté par RTL Futur, un porte-parole de Google a indiqué avoir fait remonter le dysfonctionnement en interne. Les ingénieurs de la société font en sorte de corriger le soucis rapidement. Google fournira plus d'informations dès que possible. Le compte Twitter officiel du service Google Docs a également indiqué que le bug potentiel était en cours d'examen.
Mise à jour du 1er novembre : Google a finalement reconnu qu'il s'agissait d'un bug et déclaré qu'un correctif avait été mis en place afin que tous les utilisateurs puissent avoir un accès complet à leurs documents. Un billet de blog a ensuite été publié le 2 novembre afin d'expliquer que l'entreprise avait procédé à un changement de code qui a fait incorrectement considérer une minorité de documents Google Docs comme abusifs et provoqué leur blocage automatique.
La plupart des signalements émanent de journalistes. Plusieurs reporters expliquent avoir dû mettre entre parenthèse des travaux hébergés sur le service. Il n'est pas pour l'instant établi que ce dysfonctionnement vise explicitement les médias. Google Docs est en effet un outil de travail très prisé de la profession qui permet à plusieurs collaborateurs de partager des informations et d'éditer des contenus à distance en temps réel.
Le règlement relatif aux abus de Google Docs interdit aux utilisateurs de publier certains types de contenus comme des logiciels malveillants, des discours haineux ou des contenus protégés par le droit d'auteur. Mais quasiment tous les utilisateurs ayant rencontré le problème affirment qu'ils ne violaient pas ces conditions.
Plus largement, la politique de confidentialité de Google indique que les systèmes automatisés de l'entreprise "analysent vos contenus (y compris les e-mails) afin de vous proposer des fonctionnalités personnalisées sur les produits, telles que des résultats de recherche personnalisés, des publicités sur mesure, et la détection de spams et de logiciels malveillants".
Jusqu'à cette année, Google consultait les mails des utilisateurs de Gmail afin de proposer des publicités ciblées. L'entreprise a annoncé en juin qu'elle renonçait à utiliser ces informations pour personnaliser ses réclames.
Un porte-parole de Google a confirmé auprès du Washington Post que l'entreprise utilisait un système automatisé pour identifier les contenus abusifs parmi les contenus stockés sur ses services.
Face à la main mise de Google et des autres géants du web sur les données personnelles, certains éditeurs proposent des alternatives logicielles aux services centralisés permettant aux internautes de reprendre le contrôle de leur vie en ligne. L'association de défense des logiciels libres Framasoft propose depuis l'an dernier une suite d'outils équivalents à Google Docs, Google Forms ou Google Agenda. Des moteurs de recherche respectueux de la vie privée comme Qwant, Xaphir ou DuckDuckGo tentent pour leur part de sensibiliser les internautes à la vente de leurs données personnelles et au ciblage publicitaire.
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