Pourquoi est-on souvent déçue la première fois ?
ÉCLAIRAGE - Parfois, ça fait mal. Parfois, ça ne fonctionne pas. Parfois, c'est plié en trente secondes... Globalement, la première fois que l'on fait l'amour, c'est bof. Pourquoi ?
Le premier rapport sexuel est une étape importante dans une vie. Parfois, on la sacralise, trop, au risque de tomber de haut. Parfois, on s'en débarrasse à la va-vite, comme d'un passage obligé, au risque de le regretter plus tard. Parfois, c'est terriblement douloureux. Parfois, on ne sent rien du tout, même pas de plaisir. Si bien qu'on se dit "tout ça pour ça ?" Il existe un milliard de situations, tout un tas de premières fois différentes. Mais généralement, elles ont un dénominateur commun : on est un peu déçue. Rien de surprenant quand on comprend vraiment ce qui se passe et pas de quoi rendre les armes à la désillusion. Seize ans, c'est l'âge auquel les filles auraient leur premier rapport sexuel en moyenne, d'après une étude britannique. Et ce n'est en moyenne que deux ans plus tard qu'elles connaîtraient leur premier orgasme. Preuve que prendre son pied, ça prend du temps.
C'est sacré ou pas ?
Sorellaa, 19 ans, l'avoue sans détours : "Jusqu'à il y a très peu de temps, je n'avais couché qu'une fois, avec un garçon qui se fichait pas mal de moi. Je l'avais fait pour me débarrasser de ma virginité." Un fardeau dont Sorellaa s'est donc délestée rapido. Emballé, c'est pesé, plus besoin de flipper. Sauf qu'aujourd'hui, elle regrette. Elle est folle amoureuse de son mec actuel et les câlins sont géniaux : "Je regrette de ne pas avoir fait ma première fois avec lui, de ne pas l'avoir attendu, lui, parce que je sais que ça aurait été une expérience formidable."
Pour Alène Houngbedji, psychologue sexologue, la première fois est souvent trop sacralisée : "C'est un événement certes important, mais qui ne détermine pas le reste de la vie sexuelle !" Le plus important c'est de dédramatiser. "Si on attend trop, cela peut maximiser la peur et l'anxiété. Il faut y aller à son rythme, ne pas éviter l'occasion si elle se présente. Bien entendu, il ne s'agit pas de se forcer. Mais avoir de l'appréhension, c'est normal. Il ne faut pas éviter tout rapport en attendant de ne plus avoir peur, parce que ça, ça n'arrivera pas", explique-t-il.
Mal ou pas mal, qu'est ce qui est normal ?
La première pénétration ne rime pas toujours avec douleur. Une femme sur trois n'a pas du tout mal lors de son premier rapport. Et sur les deux tiers qui restent, peu sont celles qui ressentent une douleur terrible. Même chose pour les saignements, qui ne sont pas systématiques.
"La douleur et les saignements viennent du déchirement de l'hymen", explique Alène Houngbedji. Mais souvent, l'hymen est déchiré ou partiellement déchiré avant le premier rapport sexuel : certaines activités sportives (comme la gym ou l'équitation, non, ce n'est pas un mythe), l'usage de tampons ou l'introduction de doigts dans le vagin sont autant de choses qui peuvent déchirer la membrane qu'est l'hymen. Ce qui explique que nombreuses sont celles qui ne ressentent pas, ou peu, de douleur lors du premier rapport.
"On peut réduire la douteur en favorisant l'excitation et la détente, conseille la sexologue. La peur et l'anxiété accentuent la douleur car elles contractent les muscles du vagin." Une bonne préparation aide à la détente : "Je recommande l'exploration de soi, avec les doigts, l'usage de tampons et la relaxation. Dans un contexte détendu, la visualisation positive d'un rapport, qui fonctionne bien, peut déverrouiller quelques tensions pour le jour J."
Et le plaisir dans tout ça ?
Sa première fois, Meera, 19 ans, l'avait bien préparée. Elle s'attendait à avoir mal mais pas au reste : "Je n'avais pas envisagé que ça serait aussi difficile ! Il n'est rentré en moi qu'une ou deux fois et on a dû réessayer plusieurs fois car il ne bandait plus au moment de la pénétration et moi, je n'étais plus autant excitée dans une telle situation. Il me disait que c'était de sa faute mais honnêtement je ne crois pas, j'étais tellement nerveuse..." En résumé, un gros flop.
Pas étonnant : "La sexualité est un apprentissage. Surtout la sexualité féminine. L'orgasme, ça s'apprend. La première fois, il faut gérer la douleur, la peur, le corps de l'autre, son propre corps...", explique la sexologue. En d'autres termes, le plaisir est rarement au programme de la première fois. D'autant que le vagin n'est pas très réceptif aux caresses dès le départ. Il y devient plus sensible avec la pratique : "Ce qui est important c'est que le plaisir psychologique, lui, soit là : un climat agréable, un bon moment... Et on peut aussi se faire plaisir durant les préliminaires. Il ne fait pas réduire l'excitation à la pénétration."
Et les mecs dans tout ça ?
Pour les hommes, le stress des débuts se traduit par des soucis plus mécaniques : éjaculation précoce, panne... "Le garçon doit apprendre à ne plus voir la sexualité comme un acte de performance et à se détendre. Pour lui aussi, entrainement et la dédramatisation dénouent les angoisses", explique la sexologue.
Une bonne recette ?
"Pas à pas" et "confiance" sont les mots d'ordre pour la sexologue : "Il faut apprendre à se connaître, découvrir son corps et celui de son partenaire, être en confiance avec la personne. Ça peut être le cas avec une relation d'un soir ou non." Et surtout, on ne se précipite pas sur la pénétration : "Les préliminaires sont primordiaux. Il faut y aller de façon progressive, ne pas se précipiter, prendre le temps de caresser le corps, avant de caresser les parties sexuelles, prendre son temps avant d'aborder la pénétration et y aller petit à petit." En faisant monter l'excitation et en instaurant un climat de confiance, sans être dans l'empressement, on facilite les choses. Enfin, ce qu'il faut garder à l'esprit, c'est qu'avec de l'entrainement, ça n'en devient que meilleur.
