Le parquet de Bobigny a requis jeudi un an de prison avec sursis contre un policier qui avait gravement blessé un lycéen de Montreuil au visage en faisant usage de son flashball.
Geoffrey, 16 ans, avait été blessé le 14 octobre 2010, en pleine mobilisation des lycéens contre la réforme des retraites, alors qu'il déplaçait une poubelle devant un lycée de Montreuil, pour tenter, avec d'autres élèves, de bloquer l'établissement.
"Il n'y a pas l'ombre d'une situation de légitime défense dans ce dossier", a souligné le procureur adjoint Loïc Pageot, requérant également une interdiction professionnelle de deux ans et l'interdiction de porter "toute arme" pendant cinq ans.
La balle en plastique de 4 cm de diamètre avait atteint Geoffrey en plein visage, lui infligeant notamment des fractures multiples de la face, une hémorragie dans l'oeil et des fractures du nez.
Il a fallu six interventions chirurgicales pour sauver son oeil. Son état de santé n'est toujours pas stabilisé quatre ans après les faits, même si les cicatrices, très impressionnantes après les faits, sont désormais discrètes.
Jean-Yves Césaire, le policier de 42 ans auteur du tir, devait répondre de violences volontaires ainsi que de faux et usage de faux. Outre le tir, alors qu'il n'était pas menacé et n'avait pas reçu d'ordre formel, la justice lui reproche d'avoir dressé un faux procès-verbal, qui aurait pu conduire à des poursuites et une condamnation de sa victime pour violences contre les policiers.
Plusieurs témoignages et surtout deux vidéos anonymes publiées sur Rue89 et Dailymotion ont réduit en poussière la version de M. Césaire et d'autres policiers, selon laquelle Geoffrey avait eu "une attitude menaçante et dangereuse" et "jeté des projectiles".
Je m'inquiète de la façon dont certains policiers (...) se servent de procès verbaux d'interpellation pour travestir la vérité
Le procureur de Bobigny
"Nous étions au bord d'une erreur judiciaire (...) Je m'inquiète de la façon dont certains policiers (...) se servent de procès verbaux d'interpellation pour travestir la vérité", a déclaré le procureur.
Une dizaine d'opposants à l'usage du flashball par la police étaient présents au procès, arborant des autocollants "désarmons la police". La famille de Geoffrey espère que ce procès fera avancer leur cause. Plusieurs affaires de blessures graves liées à des tirs au flashball, ou "lanceur de balles de défense" par la police, qui tire des balles en caoutchouc non perforantes, grosses comme celles d'un jokari, font l'objet de procédures judiciaires.
Une autre de ces affaires s'est également déroulée à Montreuil, en juillet 2009 : un homme âgé à l'époque de 34 ans, Joachim Gatti, avait perdu un oeil. Trois policiers ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel en juillet 2014. A Marseille, un tir de flashball contre un manifestant, Mustapha Ziani, présenté comme le seul mortel en France, doit encore être jugé.
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