La police a-t-elle été complice de l'importation de 40 tonnes de cannabis ?
L'opération, qui visait au démantèlement d'un réseau de trafic de stupéfiants, aurait été organisée sans l'aval de la justice.

L'affaire pourrait créer un véritable scandale. Et les chiffres donnent le
tournis : 40 tonnes de cannabis auraient été importées en France en octobre 2015
avec la complicité de la police, sous couvert d'une opération de démantèlement
d'un réseau d'acheminement. Mais la justice n'en aurait pas été informée. C'est ce que révèle Libération ce mercredi 30 novembre, avec un titre choc à la une du
journal : "Nouvelles révélations sur un trafic d'État".
Il y a un peu plus d'un an, une cargaison de 7 tonnes de cannabis avait été
saisie en plein Paris, boulevard Exelmans dans le XVIe arrondissement. Une
saisie record saluée par François Hollande. Il s'agirait, selon Libération,
d'une partie des 40 tonnes importées en France, dans un seul camion, qui a
transité depuis l'Espagne pour rejoindre la région lyonnaise.
La marchandise a ensuite été acheminée près de Paris. L'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis), qui a imaginé cette opération, aurait au préalable informé le procureur de Perpignan et un juge d'instruction à Lyon en évoquant une livraison surveillée, autorisée par la loi.
Au milieu d'une "guerre" des services
Il s'agirait en fait d'une livraison organisée, grâce à la présence d'un
informateur. "Nous n’aurions jamais accepté la livraison d’une seule tonne de
cannabis sous couvert de l’opération d’infiltration. Il était convenu que les
convois de stups s’inscrivant dans ce cadre ne devaient concerner 'que' quelques
centaines de kilos de cannabis", explique Bertrand Grain, le juge lyonnais en
charge du dossier, cité dans Libération. L'opération était a priori connue de
plusieurs hauts responsables de la police, qui devraient s'expliquer devant
l'IGPN après l'ouverture d'une enquête.
Dans une note confidentielle datée d'avril 2015, la Direction centrale de la
police judiciaire (DCPJ) explique que l'opération, baptisée "Janissaire", vise à
"mettre en œuvre pour la première fois en Europe une logistique complète
d’importation de stupéfiants pour éradiquer plusieurs réseaux d’acheminement en
un seul dossier judiciaire". Derrière cette opération se tramerait surtout une
"guerre" des services entre la police, la gendarmerie et les douanes.