Les Anglais avaient pensé à tout et même à la solution la plus radicale. Dans les années 1960, alors que le tunnel sous la Manche n'était qu'un simple projet, le Royaume-Uni avait déjà anticipé toutes les conséquences possibles de cette liaison ferroviaire sous-marine. Selon des documents des Archives nationales britanniques récemment déclassifiés, et publiés par le quotidien The Independant, les responsables britanniques craignaient en effet une potentielle invasion de l'Union soviétique par ce biais.
Ce projet, qui ne sera au final inaugurée qu'en 1994, pouvait-elle mettre à mal la défense et la sécurité du royaume ? Les Britanniques n'auraient dans tous les cas jamais pris le risque. Si une potentielle invasion russe était avérée, ces derniers avaient envisagé de placer une bombe nucléaire à l'intérieur du tunnel pour détruire cette liaison.
Dès 1959, cette idée est écrite noire sur blanc dans les documents officiels : "Le tunnel pourrait être totalement détruit afin de poursuivre des objectifs défensifs, si nécessaire". Mais alors, pourquoi la bombe nucléaire et non un armement plus courant ? Malgré de possibles "dommages collatéraux" dans le Kent et dans le Pas-de-Calais, les autorités britanniques refusaient de prendre le moindre risque alors que le monde était figé dans la guerre froide. En février 1974, Michael Legge, un responsable du ministère, explique alors ce choix : de simples explosifs ne seraient pas "100% efficaces" contrairement à l'arme nucléaire, détenue depuis 1952 par le Royaume-Uni.
C'est d'ailleurs à cette période que cette idée, dont la France n'a jamais été informée, est abandonnée. Si le projet est notamment jugé trop onéreux, le Royaume-Uni est également en pleine négociation pour intégrer la Communauté économique européenne.