Robert Morin a été pendant près de cinquante ans employé par la bibliothèque d’une université. ll remplissait des petites fiches cartonnées pour les livres, les rangeait. Les étudiants le reconnaissaient de loin : très grand, avec une pipe, bossu, une chaussure spéciale à talon compensés. Discret, posé, souvent les mêmes vestes à carreaux, les mêmes gilets difformes. Il n’aimait pas acheter des vêtements neufs. À quoi bon ? Sa voiture non plus n’était pas récente - presque un quart de siècle.
Une petite vie tranquille. Tous les matins, le même paquet de chips. Tous les midis, le même sandwich au fromage grillé. Tous les soirs, un plat préparé qu’il mettait au micro-ondes. Une vie rangée, solitaire - il ne sortait jamais -, et en même temps compulsive. Il a longtemps eu une passion pour les films. Une passion dévorante puisque entre 1979 et 1997, il a regardé 22.000 vidéos, c’est-à-dire en moyenne plus de trois films par jour.
Puis il est passé à une autre obsession, la lecture. Il s’est mis dans l’idée d’avaler tous les livres publiés aux États-Unis entre 1930 et 1940, à l’exception des livres pour enfants et des livres sur la cuisine. Mais sinon, tout le reste, de façon chronologique. Robert n'a pas pu aller au bout mais était tout de même arrivé à 1938, lorsqu'il est décédé l’an dernier à l’âge de 77 ans, un an après sa retraite.
Si on vous parle de cet homme aujourd'hui, c’est qu’on vient d’apprendre qu’il a décidé de léguer tout ce qu’il possédait à l’université où il avait travaillé près d’un demi-siècle. Cela représente 4 millions de dollars, soit plus de 3,5 millions d’euros. Il n’avait pas hérité d’une fortune, il n’avait pas gagné au loto. Non ! Robert dépensait tellement peu qu’il économisait. Il avait longtemps laissé l'essentiel de son salaire sur son compte.
Un jour dans les années 70, un conseiller financier lui a proposé de l’aider pour faire fructifier cet argent : des fonds de placements, des assurances vie, un fond de pension. Des investissements un peu "pépères", ce n’était pas un boursicoteur. Mais sa fortune a grossi, jusqu'à atteindre 4 millions. Personne à l’université n’imaginait que le vieux bibliothécaire bossu parti à la retraite était en fait multimillionnaire.
Souvent les gens qui donnent comme cela des sommes importantes demandent qu’il y ait un bâtiment à leur nom, ou indiquent à quoi ils veulent que l’argent serve. Robert Morin a juste demandé que 100.000 dollars servent à sa bibliothèque. Pour le reste, la direction a décidé d'affecter l’essentiel de la somme à l’orientation des élèves. Un million de dollars va servir à rénover le stade de l’université.
Car c’était la nouvelle obsession du vieil homme depuis qu’il était en maison de retraite : après les vieux films, après les vieux livres, il s’était pris de passion pour le football américain. Au point d’apprendre par cœur le nom de tous les joueurs.
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