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"Miss Gitane" : un concours inédit pour encourager à l'émancipation
L'Espagne organisait vendredi un concours inédit, ouvert uniquement à la communauté gitane, avec comme objectif la lutte pour davantage d'indépendance chez les femmes.
Des participantes au concours "Miss et Mister Gitan", le 9 mai 2014 à Madrid
Crédit : AFP / PIERRE-PHILIPPE MARCOU
Mini robe bustier et talons noirs, Libertad Barull, 17 ans, sourit face à l'objectif du photographe du concours. Comme elle, des dizaines de jeunes ont présenté leur candidature pour le concours inédit de "Miss et Mister Gitan", vendredi 9 mai à Madrid.
L'idée du premier concours exclusivement réservé aux beautés de la communauté gitane est née dans le nord de l'Espagne, au Pays basque. C'est là que Maria Jimenez, membre de l'association "Flamenco del Norte", a organisé fin 2013 le premier concours régional. Pour elle, au-delà des atours des jeunes filles, il s'agit avant tout de permettre "aux femmes gitanes d'être un peu plus indépendantes".
Ne pas s'enfermer dans un schéma où on se marie tôt
"Le parcours de la femme gitane, c'est toujours de se marier tôt, entre 14 et 15 ans, et d'avoir des enfants. Or moi, ici, je veux parvenir à ce qu'elle fasse des études, qu'elle puisse être indépendante, qu'elle ne dépende pas de si son mari lui a donné 10 euros pour pouvoir manger ou non, qu'elle reprenne ses études", explique-t-elle.
Lorsqu'on les interroge sur le paradoxe apparent d'organiser un concours de beauté pour défendre l'émancipation des jeunes filles, les organisatrices insistent sur les critères qui seront pris en compte par les jurés. "Il ne s'agit pas seulement d'être belle mais aussi d'avoir étudié, d'être intelligente", affirme Eva Jimenez, co-organisatrice. Le concours se tiendra le 6 octobre à Madrid.
Menacés d'exclusion sociale
Les chiffres témoignent cruellement des difficultés rencontrées en Espagne par la communauté gitane : plus de la moitié (50,7%) n'ont pas fait d'études au-delà de l'âge obligatoire (16 ans), selon les données datant de 2011 publiées par le Secretariado Gitano.
Le taux de chômage de cette communauté explosait, à 36%, bien au-delà d'une moyenne nationale déjà parmi les plus élevées du monde industrialisé.
Et alors que l'image culturelle de l'Espagne est associée dans le monde entier à la tradition gitane, avec les chants rythmés et les danses du flamenco, les 725.000 Gitans d'Espagne sont parmi les populations les plus menacées d'exclusion sociale dans le pays.
