Le ton est monté d'un coup ce mardi entre Athènes et Berlin, à la veille de la présentation par la Grèce d'un plan de sauvetage alternatif à celui mis en place en 2010 par ses créanciers, le Premier ministre grec annonçant qu'il ne céderait pas à la force.
"Schaüble (le ministre allemand des Finances, ndlr) peut nous le demander de n'importe quelle façon, nous ne demanderons pas d'extension du plan d'aide", a assené Alexis Tsipras à la tribune du parlement grec, juste avant le vote de confiance des députés. Sans surprise, il a obtenu la confiance, soutenu par les 162 députés de sa majorité gouvernementale.
Tsipras a prononcé un discours très résolu, tout en concluant sur une note d'espoir : "Je suis confiant, nos partenaires de l'UE répondront positivement à nos propositions". Mais auparavant, il a assené une leçon en règle à l'Allemagne, alors que Wolfgang Schaüble lui-même s'était montré inflexible à l'issue du G20 Finances d'Istanbul en déclarant : "Nous ne négocions pas de nouveau programme (avec la Grèce). Nous avons déjà un programme".
"Nous respectons le poids économique et politique particulier de certains de nos partenaires qui sont le moteur" de l'Europe, "comme l'Allemagne", a répondu à distance Tsipras. Mais "nous les mettons en garde", "ceux qui misent sur la puissance et l'affrontement comprendront qu'ils font une erreur tragique : ils ne blessent pas les faibles, ils se blessent eux-mêmes et ils blessent l'Europe", a-t-il lancé. Tout semble donc pointer vers une confrontation ce mercredi entre la Grèce, à laquelle Alexis Tsipras a promis de redonner sa fierté face aux créanciers (UE, FMI, BCE) qui la dirigent en grande partie depuis cinq ans - en échange de 240 milliards de prêts lui ayant évité la faillite - et une Allemagne soucieuse de préserver l'orthodoxie budgétaire dans l'UE.
Le commissaire européen aux Affaires économiques et financières Pierre Moscovici a repris de son côté le discours allemand, mais de manière plus nuancée : "Nous devons discuter dans le cadre (...) du programme en cours", a-t-il dit, un programme qui "reste notre ancre, notre boussole, notre référence". Dans la journée, Tsipras avait eu aussi une conversation qualifiée "d'amicale et de constructive" au téléphone avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.
Et à Istanbul, tant le FMI que les Etats-Unis, et le G20 dans son ensemble, ont plaidé pour que soient adoptées en Europe des mesures favorisant la croissance, une façon de critiquer une austérité excessive. De son côté, Tsipras a pu savourer des sondages publiés dans la soirée montrant que huit Grecs sur dix soutiennent la position grecque dans la négociation.
Comme l'a souligné agacé Schaüble ce mardi, les détails du plan grec se sont largement répandu dans les médias depuis ce lundi. Une source du ministère grec des Finances a fait valoir que ce projet n'avait rien de "radical" et tenait de la "logique". "Nous voulons simplement du temps et des facilitations", a résumé Tsipras.
La Grèce accepterait de respecter environ 70% des engagements de réforme déjà passés avec les créanciers, les 30% restants, jugés "toxiques", étant remplacés par une série de réformes à élaborer en concertation avec l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques en Europe). Le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurria, sera reçu par Alexis Tsipras mercredi.
La Grèce souhaite aussi mettre en oeuvre toute une ingénierie financière pour alléger le poids de sa dette (environ 180% du PIB), d'une part, et pour subsister jusqu'à l'entrée en vigueur de son plan le 1er septembre, d'autre part, grâce à un plan-relais. Elle ne transigera pas néanmoins, a rappelé le Premier ministre au Parlement, sur la possibilité d'appliquer immédiatement un plan d'urgence pour les plus démunis, d'un coût estimé par les économistes à 2 milliards d'euros.
La Bourse d'Athènes a été optimiste ce mardi, terminant sur un bond de 7,98%, avec de très fortes hausses des banques. Peu après cependant, l'agence de notation Fitch les a placées sous surveillance négative, considérant que les discussions à Bruxelles risquent d'être "très difficiles". De son côté le ministre britannique des Finances George Osborne a fait savoir que son pays "accélère les préparatifs pour parer à toute éventualité". Une remarque qui lui a attiré un rappel de Moscovici à davantage de "solidarité" avec la zone euro.
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