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Illustration de pécheurs bretons
Crédit : DAMIEN MEYER / AFP
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Ce vendredi, prenons la mer avec les pêcheurs de ligne de la mer d’Iroise. Ils sont une trentaine seulement. Une trentaine d’hommes qui perpétuent la tradition au large du Finistère. Pas de filet, juste une canne à pêche. Leur devise c’est : un homme, un bateau, un hameçon. La pratique est dangereuse, mais le jeu en vaut la chandelle : le secteur concentre 130 espèces de poissons. On embarque cette semaine avec Paris Match.
Vous connaissez le dicton : "Qui voit Ouessant voit son sang, qui voit Sein voit sa fin". La mer d’Iroise, c'est un bouillon plein de récifs, c’est là que les vagues de l’Atlantique viennent se heurter à la marée. "Tout n’est qu’un jardin d’épines sur une mer médiévale qui se défendrait contre les intrus", c'est ce que dit fort joliment Kersauson. De fait, la zone abrite le plus grand cimetière d’épaves au monde.
Alors les ligneurs de la pointe bretonne s’offrent des bateaux puissants, des bateaux qui peuvent accélérer rapidement en cas de danger. Le plus souvent, ils sont seuls, chacun part de son côté. Comme les cueilleurs de champignons, ils ont leurs coins secrets. Ils risquent leur peau pour l’un des poissons les plus recherchés des côtes françaises : le bar.
La ligne, c’est une pêche spectaculaire, un combat "à la loyale", et ils en sont fiers : "Le poisson n’est attrapé que s’il mord", disent-ils. "Le chalut, c’est juste de la récolte." Ils chevauchent les vagues manette des gaz à main gauche et canne à main droite, la barre coincée entre les jambes. "Ce sont des cow-boys", dit une vieille Bretonne qui assiste au rodéo depuis la côte. Des cow-boys et une cow-girl, une seule : Claire, 23 ans, la première femme ligneur de la pointe bretonne. "En mer, cette fille-là vaut deux bonshommes", confirment les gars, et pourtant ils n’ont pas le compliment facile.
Face à leur port d’attache, un monument a été élevé aux marins péris en mer : 88 noms gravés dans la pierre. Mais ça, on n'en parle pas. Les ligneurs ont la parole rare et sobre. Les jours de gros temps, quand on annonce des creux de 4 à 5 mètres, ils vous diront qu’il y a du "clapot". Ils ne sont pas inconscients, à bord, ils embarquent des sondeurs, des GPS, des radars. Mais le principe de précaution n’est pas leur guide.
"C’est dangereux, oui, on a les genoux qui tremblent", dit Dominique. "Mais quand on va dans la marmite, ce n’est jamais par plaisir. C’est parce qu’il fait mauvais que le poisson s’excite et se laisse prendre." Mikaël confirme : "Si on pouvait lever du bar dans l’étang du bois de Boulogne, on ne se gênerait pas." Mickael, c’est un nouveau venu. Ils sont une petite dizaine à être entrés dans le métier ces dernières années, même si le terrain de jeu a tendance à se réduire, même si le poisson se fait rare.
La faute aux "pélagiques", disent certains, ces fileyeurs qui mettent « des coups de chalut » dans les zones de frai. La pêche de ligne, elle, est respectueuse. Les poissons sont remontés un par un sur le pont ; enfin, quand ils sont remontés. "Quelquefois ça ne veut pas, raconte Dominique, et tu rentres au port une main devant une main derrière. On ne force pas la nature". Malgré tout, les ligneurs de la pointe bretonne gagnent leur vie. Les plus téméraires s’en tirent même très bien. Et si vous leur demandez comment ils voient l’avenir de la profession, ils vous répondent: "L’avenir ? Oh, vous savez, on ne voit pas si loin".
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