François Cavanna, un humaniste "ni bête ni méchant"

Une moustache de gaulois, le cheveu long et blanc depuis longtemps. François Cavanna est mort ce mercredi 29 janvier, à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil.

C'était avant tout une gueule qui ne passait pas inaperçue et qui suscitait la sympathie. François Cavanna, c'est aussi une vie et une œuvre sacrément bien remplie.

Un renifleur de talents

Son nom reste inévitablement lié à la création de Hara-Kiri, puis à celle, par la suite et après de nombreuses interdictions, de Charlie Hebdo. Il fut un exceptionnel renifleur de talents. Il a lui-même été dessinateur de presse dans les années 50. François Cavanna fait débuter dans le journal bête et méchant Topor, Gébé, Cabu, Reiser ou Wolinski.
 
Né d'un père immigré italien, son enfance dans la communauté italienne de Nogent-sur-Marne lui a inspiré son livre le plus célèbre, Les Ritals. François Cavanna était un pur produit de l'école communale. D'où, sous ses dehors d'iconoclaste impénitent, son attachement aux valeurs républicaines et à la langue française.

Du travail obligatoire en Allemagne à mai 68

La plupart de ses livres ont d'ailleurs une forte résonance autobiographique. Les Russkoffs évoquent son expérience du STO en Allemagne. Le livre Les yeux plus grands que le ventre est consacré aux événements de mai 1968, qu'il suit d'un lit d'hôpital cloué par une crise d'hémorroïdes.
 
François Cavanna n'était ni bête, ni méchant, juste un humaniste qui . "Qui ne croit pas à l'enfer, n'ira pas", disait-il. Nul doute qu'il se barre déjà au paradis des joyeux mécréants.