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Nicolas Sarkozy, Jérôme Cahuzac... Qui trompe qui ?
REPLAY - La presse s'interroge sur le vrai et le faux dans ces deux affaires qui reviennent devant la justice et dans les médias.
Nicolas Sarkozy à Saint-Étienne
Crédit : JEFF PACHOUD / AFP
Vous connaissez la fable de la grenouille ? Si on plonge la grenouille dans de l'eau chaude, elle s'échappe d'un coup. Si on la baigne dans une eau tempérée, que l'on réchauffe progressivement, elle s'engourdit et finit par tolérer une température bouillante au risque de sa propre mort. "En France, face a la corruption nous sommes tous en train de devenir des grenouilles", écrit Fabrice Arfi ce matin sur Mediapart. La journée d'hier a donné un tout petit aperçu de l'état de l'éthique public en France. Qui a trompé qui ? Une même question pour deux visages dans la presse ce matin : Sarkozy et Cahuzac.
"Cahuzy et Sarkozac", s'amuse Jean-Marc Chevauché dans le Courrier Picard, qui note comme tous les éditorialistes ce matin le télescopage de ces deux affaires de gros sous. L'un a planqué l'argent de son dur labeur sur des comptes placardisés à l'étranger, l'autre a bénéficié d'une campagne en 2012 qui a explosé les compteurs. L'électeur s'y perd mais retient une chose : ce monde là n'est pas le notre. "Lundi noir pour notre démocratie", écrit Jean-Michel Servant dans le Midi Libre. "Quelle belle journée pour les populistes de tous poils", s'exclame Éric Dussart dans la Voix du Nord. "il y avait un boulevard hier pour ceux qui voulaient crier 'tous pourris'".
Deux affaires, deux dimensions
Différence notable entre les deux dossiers judiciaires, relevée par Le Courrier Picard : "Cahuzac a déjà perdu et déjà payé. Il n'a plus que sa liberté à perdre. Sarkozy de son côté, a tout à perdre". Cette affaire Bygmalion lui colle à la peau comme le sparadrap du capitaine Haddock écrit Jean-Marie Montali dans le Parisien/Aujourd'hui en France. Le journal décrit par ailleurs un Sarkozy imperturbable hier matin au moment où il a appris la nouvelle. Il se trouvait alors à son QG de campagne en pleine réunion. "J'en ai vu d'autres", aurait-il marmonné. Ce que confirme un participant : "Ça lui en touché une sans faire bouger l'autre".
Juste en dessous le journal se fait l'écho d'une rumeur, Fillon était-il au courant de cette demande de renvoi en correctionnel ? C'est la petite musique qui montait hier chez les Sarkozystes. Il savait et c'est de là que lui est venu l'attaque cinglante lors de son meeting de rentrée, sur l'inimaginable mise en examen du général de Gaulle.
Qui savait quoi ? Question posée aussi hier lors de la première journée du procès de Jérôme Cahuzac. "On se serait donc trompé", ironise le journal Le Monde. "Jérôme Cahuzac serait en réalité un rocardien passionné qui pour soutenir l'ambition présidentielle de son héros aurait accepter de se dévouer jusqu'au martyr ?" "Ceux qui savaient se taisaient", a répondu l'ancien ministre du Budget avant d'ajouter : "Il est toujours utile d'ignorer ce qu'il est inutile de savoir". "Notez bien l'aphorisme Madame la greffière", a dit le président du tribunal.
Le New York Times tacle Manuel Valls
Dans la presse, le New York Times a-t-il trompé ses lecteurs ? C'est ce qu'affirme le Premier ministre Manuel Valls qui a publié hier soir sur le Huffington post une tribune pour s'indigner d'un article du New York Times publié vendredi dernier et intitulé "Regards changés et langues déliées". Il s'agissait en fait de témoignages de femmes musulmanes européennes faisant état de discrimination. Pour Manuel Valls cet article donne "une image insupportable car fausse de la France". Surtout, le Premier ministre estime qu'il ne s'agit pas d'une enquête de terrain, et que ces témoignages ont été pour la plupart obtenus à la suite d'un événement scandaleux organisé en France : un "camp d'été décolonial" qui était interdit aux blancs.
"Faux" répond ce matin le New York Times : "les témoignages que nous avons publiés provenaient de quelque 1.200 lecteurs qui ont répondu à un appel a témoin lancé sur internet, nous maintenons notre article".
Tromperie sur la marchandise
Ça a le goût de la viande, ça a l'apparence de la viande, mais ce sont des plantes... "La viande artificielle emballe les États-Unis" titre Les Échos qui nous explique ce matin pourquoi, depuis quelques mois les investisseurs de la Silicone Valley, Google et Bill Gates en tête, injectent de l'argent dans les alternatives à la viande. L'entreprise en pointe sur ce marché s'appelle bizarrement Impossible Foods, nourriture impossible et elle vient de concevoir un steak de hamburger composé de blé, d'huile de noix de coco, de pomme de terre et surtout d'une protéine récupérée dans des racines et qui ressemble à l'hémoglobine.
Les critiques culinaires qui l'ont goûté ont été emballés et affirment n'avoir pas fait la différence avec de la vraie viande. "Il y a un marché prêt à décoller", explique le journal. "Avec une jeune génération très sensibles aux conséquences de ses achats sur l'environnement et la santé or, les activités d'élevage sont l'une des premières sources de gaz a effet de serre et de consommation d'eau en Californie".
La mort du hipster
Qui sait, la viande artificielle sera peut-être la prochaine lubie des hipsters. Vous savez ce que c'est les hipsters ? Eh bien Libération publie deux pages ce matin pour annoncer leur décès. "Le hipster c'est fini, le style barbe-vinyle-cappucino-chemise à carreau-stan smith c'est ringard parce que c'est partout". La petite tribus hype des années 2000 s'est tellement élargie qu'elle s'est diluée. On est tous hipster donc plus personne ne l'est. Reste que l'on vit aujourd’hui dans le monde que le hipster nous a laissé, avec des barbiers au coin de la rue, des espaces de coworking, des boutiques de vélo à pignon fixe, des cafés et des burgers gourmet... avec de la vraie viande bien saignante pour le moment.
