Prônant "repos préservé, qualité des soins assurée", les syndicats de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris appellent à une grève unitaire ce jeudi 21 mai de ses quelques 75.000 personnels (hors médecins) dans les 38 établissements. En cause, le projet de réorganisation des 35 heures de Martin Hirsch, une réforme qui mécontente tous les syndicats (CGT, SUD, FO et même la CFDT) qui, fait rare pour être souligné, ont fait front commun avec la CFE-CGC, la CFTC et l'Unsa.
Un premier conflit d'envergure pour le directeur général de l'AP-HP, en poste depuis novembre 2013, qui devrait être très suivi. "Il va y avoir du monde", promet Jean-Marc Devauchelle, secrétaire général de SUD Santé. Néanmoins, l'offre de soins ne devrait pas être trop perturbée. Les personnels essentiels à la
prise en charge des patients ont été "assignés a minima", tandis que
des opérations non urgentes programmées ont été annulées, indique-t-on à
l'AP-HP.
Dans la ligne de mire des grévistes, la suppression des RTT. Quelles catégories d'agents pourraient voir leur RTT diminuer, ou disparaître ? Les jours de congés octroyés pour des événements particuliers comme la fête des mères sont-il également menacés ? L'intersyndicale attend des garanties et des orientations précises de la direction générale, qui n'a présenté qu'un état des lieux, rejeté par les syndicats.
"Nous voulons négocier sur la base de nos revendications, pas sur celles de Martin Hirsch" qui ne visent "qu'à faire des économies sur le dos du personnel", résume Rose May Rousseau, secrétaire générale de l'Union syndicale CGT de l'AP-HP.
De son côté, Martin Hirsch, qui prévoit d'ouvrir les négociations le 28 mai, assure que les propositions seront "équilibrées". Le chantier est "difficile", reconnaît celui qui avait été nommé à la tête de l'AP-HP pour apaiser les tensions, en pleine polémique autour de la fermeture des urgences de l'Hôtel Dieu, en 2013.
Mais il est "indispensable" pour "préserver l'emploi" (avec plus de 4.000 postes menacés sur 4 ans) et la "qualité du travail", selon lui. Il permettrait surtout d'économiser quelque "20 millions d'euros", à l'heure où l'hôpital public est sommé de se serrer la ceinture (3 milliards d'euros d'économies attendues d'ici à 2017, dont 860 millions sur la masse salariale).
Actuellement, plus de 60% des agents travaillent 7h36 (38 heures/semaine) ou 7h50 (39h10) par jour, avec un nombre de RTT allant de 18 à 20 jours par an, auxquels s'ajoutent des journées propres à l'AP-HP. Problème : en raison du manque de personnel, les journées non prises s'accumulent sur les compte épargne temps. Un stock évalué à 74,7 millions d'euros fin 2014, rappelle la direction. La réduction des plages horaires journalières à 7h30, voire 7h00, atténuerait ces frais, en diminuant, ou supprimant les RTT. Martin Hirsch a d'ores et déjà exclu la "généralisation" de la journée de 7 heures.
Réduire les plages horaires sans embauche serait "socialement injuste pour des agents dévoués et en première ligne au quotidien auprès des patients" et dont les salaires sont gelés depuis 2010, estime Rose May Rousseau. "Faire en 7h ce qui se fait en 7h36, se traduirait par une productivité plus intense, moins de repos", et nuirait à la "sécurité des patients", s'indigne-t-elle.
Les syndicats craignent en outre de perdre d'autres droits, comme la comptabilisation de la pause déjeuner de 30 minutes dans le temps de travail effectif. "En substance, le message qui est adressé (aux agents) est 'vous bénéficiez de trop de congés et de trop d'avantages'", juge Force ouvrière Santé dans un courrier adressé cette semaine à Marisol Touraine.
Mardi, la ministre de la Santé n'a pas suivi la Fédération hospitalière de France, qui réclame un soutien ferme à l'initiative de Martin Hirsch et un débat national sur la question des 35 heures. Elle a martelé que le gouvernement était attaché aux 35 heures, "à l'hôpital comme ailleurs", prévenant que la "réussite" du projet dépendrait de la qualité du "dialogue social".
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