Les parents de William sont infirmiers à l'hôpital public, mais par la magie de la carte scolaire William a pu être scolarisé dans des collèges et des lycées versaillais. "L'écart entre ces deux mondes m'a fait prendre conscience très tôt qu'il fallait choisir son camp et son engagement." Alors William s'est engagé, en plus de ses petits boulots pour payer ses études. Il a fait des sandwichs chez Subway, nettoyé des trottoirs à Saint-Quentin en Yvelines.
La moitié des étudiants ont les mêmes galères que moi. William est ce matin le visage de la mobilisation du jour, la figure de proue étudiante de l'opposition à la loi El Khmori. William Martinet président du premier syndicat de France, l'Unef. Son portrait à lire ce matin sur "La Matinale" du Monde. William Martinet dénonce au-delà de la réforme du Code du travail les renoncements à l'égard de la jeunesse.
Cette jeunesse, ce péril jeune qui inquiète l'exécutif et qui est donc à la une de tous les journaux ce matin. En une de Libération ce matin " l'ombre du CPE" et une de L'Humanité avec un sondage, 68% des jeunes contre la loi travail. "Hollande défié par sa jeunesse" titre Le Parisien qui cite cette petite petite confidence d'un conseiller de François Hollande hier soir " la pluie est attendue, et ça c'est déjà une bonne nouvelle"...
Le Figaro lui pointe en une un autre danger : "Code du travail, le risque de la non réforme". Et dans son édito Gaëtan de Capèle épingle ensemble les trois contestataires les plus virulents a la loi travail, Martine Aubry, Philippe Martinez de la CGT William Martinet le président de l'UNEF..."Martine, Martinez et Martinet le trio rétrograde". "Hollande t'es foutu la gauche est dans la rue" titre même le journal libéral L'Opinion. La gauche, mais aussi donc la jeunesse, cette jeunesse dont François Hollande avait promis d'être le président.
À contre-courant, le site Slate explique pourtant ce matin que ces jeunes qui vont manifester jouent contre leur camp. La loi El Khomri, centrée sur le contrat de travail, ne concerne pas directement et immédiatement les jeunes, contrairement au CPE. Avant d’être sécurisé dans son parcours professionnel, il faut être embauché, telle est la vérité. Sur ce point, les nouvelles générations sont les victimes d’un marché du travail verrouillé. Le Huffington Post lui se pose une autre question : comment se fait-il que les fonctionnaires manifestent aussi contre la réforme du Code du travail, alors qu'ils n'en dépendent pas ?
En fait, écrit Jean-Marc Chevauché dans le Courrier Picard, ce qui est fondamental dans le débat actuel, c'est le choix de nos vies. "Croyons-nous qu'il faut s'adapter au monde économique en permanence pour être compétitif, produire et vendre les premiers ? Ou croyons-nous que le travail doit nous permettre de produire ce dont nous avons besoin et qu'il doit être tendu vers ce but en laissant à l'homme le temps de vivre sa vie? Aujourd'hui peu de manifestants auront lu le texte de loi , en revanche tous savent comment ils veulent vivre.
D'abord des policiers, des policiers inquiétants dans Le Parisien - Aujourd'hui en France, qui s'est procuré une note confidentielle de la préfecture de police de Paris recensant les entorses à la laïcité dans les commissariats. Le phénomène est marginal, 17 cas en 3 ans, mais il inquiète écrit le journal. La note détaille ces 17 cas, pour la plupart liés à la religion musulmane. Comme celui de gardien de la paix de Gennevilliers toujours en poste qui écoute pendant les patrouilles des versets du Coran et des chants religieux dans ses écouteurs, le cas aussi de cette femme agent de surveillance à Paris qui qualifie devant ses collègues son uniforme de saleté de torchon de la République ; elle quittait le commissariat couverte d'un hidjab. Il y a aussi cette autre policière convertie à l'Islam et qui ne veut plus serrer la main de ses collègues hommes, une autre qui a refusé d'observer une minute de silence après les attentats de Charlie.
Une dérive d'un autre genre rapporté par Le Canard Enchainé qui raconte ce matin l'histoire de l'ex directeur informatique de l'Unedic l'organisme chargé de verser les allocations chômage. Il avait mis au point un logiciel pour traquer les fraudeurs. Sauf que lui même en était un... Il avait été nommé à l'Unedic après une année de chômage et avait menti pour continuer à toucher ses indemnités, 4.000 euros par mois en plus de son salaire. Il a été mis a pied avant une rupture conventionnelle qui lui a permis de toucher 160.000 euros d'indemnités, pour 14 mois de présence, de quoi faire exploser le barème proposé par la loi El Khomri ironise Le Canard. Du beau travail !
L'Express nouvelle formule avec surtout un nouveau logo - le titre n'est plus blanc, mais rouge - et donc le ministre de l'Économie en couverture, "Ce que je veux pour 2017". Mais n'y voyez pas un programme présidentiel, Macron élude la question et demande à ce qu'on s'intéresse au contenu plutôt qu'au flacon.
Le ministre qui nous donne l'occasion d'apprendre un nouveau mot, l'express lui demande en effet quel est le mot qu'il préfère dans la langue française et il répond "saxifrage" du nom de cette plante connue pour sa capacité à s'installer dans des fissures de rochers. On l'appelle aussi casse-pierre... C'est déjà un programme en fait.
Numéro indispensable cette semaine, entièrement consacré à cette question fascinante : "Qui choisit l'info ?". Qui raconte le monde d'aujourd'hui ? Il y est question des journalistes, des communicants, des réseaux sociaux des sondages, des citoyens, mais aussi des machines et des algorithmes. On y trouve plein de citations comme celle de l'écrivain américain Mark Twain : "le journalisme consiste a annoncer que monsieur Watson est mort à des millions de gens qui ne savaient pas qu'il vivait".
On trouve aussi sous la plume d'Éric Fottorino un petit éloge des marchands de journaux, alors que l'an dernier 1000 kiosques ont fermé en France. Trouver son journal au coin de la rue c'est se réchauffer à un petit feu allumé au carrefour; faire la revue de presse.