Dix-sept familles de victimes des attentats du 13 novembre à Paris vont déposer plainte devant les tribunaux belges. Elles accusent l'État belge de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour éviter les fusillades qui ont frappé l'est de Paris et Saint-Denis le soir du 13 novembre 2015, provoquant 130 morts et plus de 400 blessés. Les familles des victimes reprochent à la Belgique des défaillances dans la surveillance des frères Brahim - l'un des kamikazes à Paris - et Salah Abdeslam - seul survivant des commandos - alors que les services de renseignement belges disposaient d'informations qui auraient dû les mettre en alerte. Ces accusations reposent sur les conclusions d'un rapport confidentiel réalisé par le comité P, la police des polices belge, que RTL a pu consulter.
Le rapport met en lumière une série de manquements qui ont permis à Salah Abdeslam et son frère d'échapper à la surveillance dont ils auraient dû faire l'objet. Début février 2015 par exemple, un informateur livre des éléments cruciaux sur Salah Abdeslam à la police locale, affirmant qu'il serait en contact avec Abdelhamid Abbaoud, le futur commanditaire des attentats de Paris, et prêt à se rendre en Syrie. Un avis de recherche urgent est lancé contre le Belge, sans résultat. C'est finalement Salah Abdeslam lui-même qui se rend au commissariat de Molenbeek pour être entendu. Il affirme alors qu'Abbaoud est une vieille connaissance et est relâché.
Son téléphone est saisi, mais sa téléphonie ne sera analysée qu'après le 13 novembre. Le parquet fédéral a bien été saisi, mais faute de moyens, le dossier est gelé puis mis en attente. En juin 2015, il est classé sans suite. Seule une surveillance discrète est maintenue. Dès lors, plus aucune information ne sera transmise à la justice. Il y a pourtant des alertes. Le voyage de Salah Abdeslam en Grèce, son aller-retour en Autriche pour récupérer des jihadistes et ce drapeau de l'État islamique arboré fièrement sur sa page Facebook, trois semaines seulement avant les attaques de Paris. Il est déjà trop tard, le terroriste a disparu des radars.
Nous allons demander la condamnation de l'État belge pour que plus jamais de tels dysfonctionnements ne puissent se répéter
Samia Maktouf, avocate de la famille des victimes
"Malgré des alertes lancées par les différentes surveillances de personnes susceptibles de passer à des actions armées, il n'y a jamais eu de judiciarisation de ces personnes dont on avait la certitude qu'ils étaient radicalisés", regrette l'avocate des familles des victimes, Samia Maktouf. "Le résultat, on le connaît : c'est le décès de plusieurs personnes innocentes. Nous allons demander la condamnation de l'État belge pour que plus jamais de tels dysfonctionnements ne puissent se répéter".
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