C'est un quartier coquet, comme il y en a tant d'autres près d'Amsterdam. Vingt-trois maisons, un petit théâtre, un restaurant, un pub, une supérette et un salon de coiffure. À part la clôture autour du quartier, on dirait une banlieue résidentielle ordinaire. Sauf que les résidents sont tous atteints d'Alzheimer en phase avancée. Ils vont où ils veulent, explique Yvonne Van Amerongen, qui s'est battue pendant des années pour imposer son concept avant-gardiste.
"Ils sont libres d'aller et venir, et ils sont en sécurité, dit-elle. Tous ceux qui travaillent ici, volontaires ou employés, savent tous quoi faire avec la maladie. Donc le jardinier, le cuisinier, la caissière de la supérette, sont des professionnels mais qui ont été formés pour s'occuper de personnes malades".
Il y a un petit côté de Truman Show dans ce village Alzheimer. Sauf que là, c'est pour le plus grand bonheur des 152 résidents que tout le monde est complice, pour qu'ils puissent vivre comme avant. Au restaurant, par exemple, le serveur explique donc gentiment au client s'il a oublié sa commande ou s'il part en oubliant de payer la note.
La vie est organisée par maison où habitent sept ou huit malades. Si un habitant veut se servir dans le frigo ou se mettre à cuisiner, il est chez lui. Il y a une ou deux aides par maison, mais jamais en blouse blanche. L'idée, c'est d'éviter tout ce qui ressemble à un hôpital ou une maison de retraite.
Visiblement, les résidents du "village Alzheimer" survivent plus longtemps à leur maladie, à pathologie et âge équivalent. Ils consomment aussi deux fois moins d'anxiolytiques. Ils arrivent ici lorsqu'ils ne peuvent plus vivre seuls. C'est le critère d'admission fixé par la sécurité sociale néerlandaise qui finance le projet.
Les habitants, âgés en moyenne de 84 ans, passent là les deux ou trois dernières années de leur vie. Comme dans la vraie vie, les proches peuvent venir les voir quand ils veulent. Pas d'horaire de visite. Pas d'horaire de repas. Il y a désormais une liste d'attente d'un an pour y entrer. Le village, fondé en 2009, est devenu un modèle. La Reine des Pays-Bas le fait visiter à ses hôtes.
C'est ce modèle néerlandais qu'on va copier pour fonder le premier village Alzheimer dans les Landes. Il a tellement de succès que plusieurs pays sont en train de l'adapter : l'Angleterre, les États-Unis, et donc en 2018 la France. Le projet des Landes inquiète un peu Yvonne Van Amerongen. Elle participe aux projets américain et anglais. Pour les Landes, elle a fait la visite à une équipe française il y a des mois. Elle n'a jamais eu de nouvelles depuis.
"Dites-leur, dans les Landes, qu'il ne s'agit pas seulement de transposer le concept du village", nous dit-elle. Ce qu'il faut intégrer, insiste-t-elle, c'est surtout "une façon totalement nouvelle d'aborder la maladie".
Commentaires
Afin d'assurer la sécurité et la qualité de ce site, nous vous demandons de vous identifier pour laisser vos commentaires.
Cette inscription sera valable sur le site RTL.fr.