Olympique de Marseille : plus que 3 signatures avant d’être candidat au titre
L’OM peut-il se déclarer prétendant au titre de champion de France ? La question, qui commence naturellement à se poser, trouvera sans doute une réponse courant novembre, où le premier débat avec son intime rival parisien est prévu.
Aujourd’hui en France, il n’y a pas qu’à droite que la période électorale bat son plein. Au Sud, l’Olympique de Marseille grimpe dans les sondages mais hésite encore à se porter candidat à la présidence de la Ligue 1. Au mois de novembre, le sénateur-maire de la ville Jean-Claude Gaudin pourrait voir plus d'un de ses champions se déclarer.
En Ligue 1, à ce moment là, l’Olympique de Marseille pourrait s’annoncer comme le seul vrai rival du Paris Saint-Germain, qui en serait alors presque à mi-mandat.
Trois chocs sur les quatre prochaines journées
Mais avant cela, et comme tout bon candidat qui se respecte, l’OM doit réunir un nombre de signatures suffisant pour officialiser sa candidature. Sur les quatre prochaines feuilles de matches, les arbitres devront - en signant - valider au minimum deux victoires pour que les Phocéens soient certains de conserver la tête au sortir de la 15e journée.
Après avoir convaincu face à Saint-Étienne et Toulouse, l’OM va croiser trois prétendants au podium. Sur les quatre prochaines journées, les hommes de Marcelo Bielsa joueront face à Lyon (5e), Paris (2e) et Bordeaux (4e). Trois tests haut en couleurs qui, en cas de résultats positifs, feraient éclater au grand jour des prétentions plus élevées que le simple podium dont les joueurs veulent bien parler.
Vers son histoire, le PSG et au-delà ?
Avec 25 points à l’issue de la 10 journée de Ligue 1, les Marseillais luttent contre l’embrasement des ambitions. Il faut dire qu’il y a de quoi : l’an passé, le PSG, qui a établi le record du plus grand nombre de points (89) jamais acquis par un champion depuis l'instauration de la victoire à trois points, ne possédait "que" 24 points au même stade de la compétition. D'autre part, avec une série en cours de 8 victoires consécutives, l’OM vogue sur des performances historiques qu’il n’avait réussi que deux fois, en 1937 et en 1998.
Et alors que se rapproche inexorablement le clasico, l’élan médiatique pousse à anticiper quelques questions habilement esquivées pour le moment. Chaque Phocéen qui répondra par un traditionnel "on prend les matches les uns après les autres, la saison est encore longue" aura bien évidemment totalement raison. Mais si d’aventure, après le match tant attendu (le 9 novembre prochain) l’OM était toujours devant Paris ?
Discours réservés, paroles mesurées
Pour l’heure, aucun membre du club ne semble préoccupé par de telles considérations. Après la probante victoire face à Toulouse, Dimitri Payet, l’un des symboles forts de l’état de grâce marseillais, bottait immédiatement en touche à l’évocation du PSG : "Nos concurrents, ce sont Lyon, Lille, Saint-Étienne… On ne boxe pas dans la même catégorie que le PSG".
On ne boxe pas dans la même catégorie
André-Pierre Gignac le dit aussi
En réalité, il n’y a bien qu’au niveau budgétaire que Marseille ne fait pas le poids. Mais avec un budget plus de quatre fois et demi inférieur (105 millions contre 490 pour le PSG), la réalité du terrain ne semble pas s’intéresser aux mathématiques. L’OM possède une force collective impressionnante incarnée par la réussite d’André-Pierre Gignac, meilleur buteur du championnat avec 10 réalisations en autant de rencontres disputées.
Élu meilleur joueur du mois de septembre, l’attaquant marseillais tient le même discours que son pourvoyeur Dimitri Payet. Pour lui, toute comparaison avec le PSG d’Ibrahimovic (qui détenait 3 des 4 derniers trophées de joueur du mois) n’a pas lieu d’être : "Je ne boxe pas dans cette catégorie (…) J’essaye d’apporter beaucoup de générosité à mon club (…) Je n’ai aucune prétention de me mettre à son niveau, je ne le suis pas, mais je me bats avec mes valeurs", a-t-il ainsi déclaré sur RTL.
Politiquement correct jusqu’à quand ?
Même si un discours tendu un peu plus vers l’audace et l’offensive ne ferait pas de mal à une Ligue 1 majoritairement regroupée dans sa moitié de terrain, l’OM préfère encore la prudence. En politique, il existe un processus qui consiste à se mettre volontairement en retrait pour laisser son adversaire s’enfoncer dans une voix compromise. Il suffit ensuite d’incarner l’antithèse de son adversaire pour convaincre.
En substance, c’est un peu ce qu’est en train de faire l’OM. Là où son rival possède les moyens financiers, il se réclame de "valeurs" qui unissent, rassemblent et élèvent. Là où le PSG a vu ses "supporters" affluer aussi vite que l’investissement, l’OM se plait à remercier un public à la ferveur populaire unique, une image du "petit" face au "gros", plus douce au regard des Français qui cultivent toujours un peu un bienveillant égard pour "le petit poucet".
Nous, nous sommes des petits
Nicolas N’Koulou
Un statut d’ailleurs assumé par le défenseur marseillais Nicolas N’Koulou, dont les propos imagent presque trop parfaitement cette prise de position : "Paris, ça reste Paris. Nous, nous sommes des petits, mais on va mouiller le maillot comme il faut. J’espère que la chance sera avec nous toute la saison".
En somme, incarner l’antagonisme est une manière d’alimenter une rivalité qui ne peut en réalité souffrir de tant de détachement. Surtout de la part des acteurs principaux. Personne n'imagine vraiment que les Marseillais n'aient aucune pensée plus ambitieuse que ça.
Face à Lyon, ce dimanche soir, dans un autre match à la rivalité historique, l'OM pourrait apporter la preuve irréfutable que la vérité se situe avant tout sur le terrain.
