Le PSG met en demeure un supporter qui critiquait la liberté d'expression du club

C’est une affaire qui ne risque pas de réconcilier le Paris Saint-Germain avec une partie des ses supporters. L’un d’eux, Guillaume Blanc, dit avoir reçu une mise en demeure de la part de la direction du club de la capitale. Il lui est reproché d’avoir détourné une campagne de Reporters sans frontières pour faire apparaître Nasser Al-Khelaïfi, le président du PSG, faisant un doigt d’honneur. Un montage qu’il a publié sur son compte Twitter.

Dans son récit publié sur un blog de Mediapart, jeudi 23 avril, Guillaume Blanc explique d’abord avoir voulu réagir à propos d’un incident s’étant produit le 5 mars dernier à l’intérieur du Parc des Princes et qui avait fait grand bruit. Yoann Seddik, supporter parisien, avait été expulsé du stade pour avoir dénoncé dans un chant la hausse des tarifs des abonnements. Selon le club, il aurait également insulté la direction parisienne, ce que dément le principal intéressé, sanctionné quelques jours plus tard d’une résiliation d’abonnement et d’une interdiction d’assister aux rencontres du PSG pour un an.

Une "satire"

Guillaume Blanc, qui a assisté à la scène, s'indigne alors sur Twitter. Dans un tweet publié le 5 mars, avec son compte @Yomecito qui dispose de plus de 41.000 abonnés, il écrit donc : “Pour ceux qui se demandent encore si Nasser Al-Khelaïfi est bien Charlie”, en référence au fameux slogan "Je suis Charlie" des attentats de Paris de janvier dernier. Le message est accompagné d'une photo détournée du président qatari du PSG faisant un doigt d’honneur. Un montage directement inspiré de la campagne de Reporters sans frontières datant de 2013 montrant des leaders internationaux, tels que Bachar Al-Assad, Mahmoud Ahmadinejad ou encore Vladimir Poutine, affublés d’un faux doigt ou bras d’honneur.

Le supporter dit ainsi avoir employé la “satire” pour dénoncer “l’absence de liberté d’expression autour du PSG, que ce soit dans une enceinte sportive ou derrière un écran d’ordinateur”. Il assure également ne pas avoir voulu “ouvrir un débat sur la place du Qatar dans le monde, ni même commenter sa politique internationale”.

Le tweet finalement supprimé

Mais la direction du club, qui ne l’entend pas de cette oreille, a adressé à Guillaume Blanc une lettre recommandée avec accusé de réception. Ce courrier, signé par le directeur général délégué Jean-Claude Blanc, notifie à l’internaute qu'il a huit jours pour supprimer le tweet sans quoi il sera traduit devant les tribunaux. Pour justifier cette mise en demeure, le PSG estime qu’il s’agit d’“actes de contrefaçon et d’atteinte aux marques de renommée du PSG” et reproche à Guillaume Blanc d’avoir présenté Nasser Al-Khelaïfi “au travers d’un geste obscène”. 

Enfin, le Paris SG est irrité par l’utilisation de “#HonteAuPSG”, utilisé à plus de 13.000 reprises le mois dernier selon l’outil statistique Topsy. Le hashtag a d’ailleurs déjà figuré plus de 24 heures dans les Trending Topics de Twitter, à savoir les sujets les plus tendances sur le réseau social.

Convaincu de la légalité de son tweet, Guillaume Blanc dit être victime d’une “forme de chantage”. Néanmoins, il ne compte pas entamer un bras de fer juridique avec le PSG. Il juge en effet que “ça ne sert à rien de jouer contre les Qataris” car il n’a pas “leur puissance financière” et sait qu’une telle procédure “prend beaucoup de temps et un peu d’argent”. Il s’est par ailleurs engagé “solennellement” sur Twitter, jeudi, “à ne plus commenter l’actualité du Paris Saint-Germain à compter de ce jour et pour une durée indéterminée”. Le tweet polémique, plus disponible sur son compte, a d'ailleurs été supprimé.