Le réseau social Twitter permet aux internautes de gazouiller depuis 10 ans. Sur cette décennie, il y a bien sûr eu de nombreux tweets marquants, mais aussi beaucoup de hashtags, ces mots clés permettant de rassembler tous les messages d'un même sujet. L'idée des hashtags ne vient d'ailleurs pas de Twitter mais d'un de ses utilisateurs, Chris Messina, un ancien designer de Google. "Et si on utilisait un dièse pour faire des groupes ?", postait-il en août 2007.
L'idée aura tellement de succès que le réseau social va l'institutionnaliser, en permettant aux internautes de cliquer sur les hashtags et de retrouver tous les tweets en relation. Certains de ces hashtags ont laissé une empreinte durable dans la culture populaire, précédant même parfois certaines évolutions sociétales - les mouvements du printemps arabe et d'Occupy en sont devenu un bon exemple.
Les réseaux sociaux ont eu un impact significatif dans les contestations qui ont agité les pays du monde arabe à partir de décembre 2010, notamment en Égypte. Le hashtag #Jan25 avait été utilisé pour appeler à manifester le 25 janvier 2011 au Caire et dans tout le pays, marquant le début d'un impressionnant mouvement qui se terminera par la démission d'Hosni Moubarak, le président égyptien, environ deux semaines plus tard. Durant le soulèvement, Twitter aura été utilisé par les l'Égyptiens pour démentir la propagande du gouvernement, qui assurait au grand public qu'il n'y avait pas de manifestations.
En juillet 2013, un blog anti-consumériste nommé Adbusters, basé à Vancouver au Canada, lance un appel à envahir New York avec des tentes, des barbecues et des barricades pour "occuper Wall Street" pendant quelques mois. Une injonction à laquelle le groupe joint un hashtag, #OccupyWallStreet, et une affiche, une ballerine sur le fameux taureau qui représente le quartier d'affaires new-yorkais. Appel entendu sur la côte Est : quelques semaines plus tard, de nombreux new-yorkais d'un collectif anti-austérité se saisissent de l'appel et organisent des sit-in pacifiques à Wall Street. Le mot "occupy" est devenu un symbole d'une contestation apolitique et pacifique qui a pris dans de nombreux pays.
En France, il est interdit de dévoiler les résultats de l'élection présidentielle avant 20 heures. Il était déjà possible de contourner cette règle, les internautes ayant accès aux sites d'informations belges ou suisses qui ne tombent pas sous la coupe de la loi française. En avril 2012, la pratique est passée au niveau supérieur. Ceux qui avaient récupéré les scores des candidats sur les sites étrangers ont usé de toutes les métaphores possibles et imaginables pour les dévoiler au grand public. Avec un hashtag phare : #RadioLondres, du nom des bulletins francophones diffusés en Angleterre pendant la Seconde Guerre mondiale.
Si la réactivité de Twitter a ses bons côtés, elle peut aussi donner lieu à une propagation de commentaire racistes. Ce fut le cas en octobre 2012, lorsque le hashtag #UnBonJuif est entré dans les "tendances" France, ce qui lui permet une exposition maximale sur le réseau. Résultat : une avalanche de "blagues" sur la communauté juive, véhiculant clichés et allusions plus que douteuses. L'Union des Étudiants juifs de France a porté plainte et a gagné. Le réseau a donc fourni les données permettant d'identifier les auteurs de tweets antisémites. Les mots clés racistes et antisémites n'ont pas disparu mais Twitter s'applique désormais à rapidement retirer des "tendances" les hashtags haineux.
En avril 2014, la secte islamiste Boko Haram enlevait 276 adolescentes pour en faire leurs esclaves et les marier de force. Un avocat nigérian s'indigne et partage #BringBackOurGirls, littéralement "ramenez nous nos filles". Ce cri du cœur devient viral et se voit partagé des millions de fois. Fait marquant, de nombreuses personnalités politiques, de Michelle Obama à la militante pakistanaise Malala en passant par Christiane Taubira, partagent des messages - mais aussi des tas de célébrités du monde de la mode ou de la musique. Si quelques lycéennes sont rentrées chez elle, de nombreuses autres sont encore portées disparues et Amnesty International estime à plus de 2.000 le nombre de filles kidnappées par Boko Haram. Une triste réalité que le hashtag n'aura pas changé.
Le Ice Bucket Challenge, ce défi qui invite chacun à se verser un seau d'eau glacée sur la tête en soutien à la maladie de Charcot, a été créé en 2013. Mais ce n'est qu'à l'été 2014 que la démarche acquiert une popularité mondiale, lorsque plusieurs personnalités commencent à y participer. Et même si les vidéos sont souvent relayées via Facebook, c'est bien par Twitter que tout a commencé. Bill Gates, Mark Zuckerberg, Justin Bieber, Chris Pratt (voir ci dessus) et même des personnalités politiques comme Donald Trump ou George W. Bush, ont partagé leur défi. À ce jour, 220 millions de dollars ont été récoltés. L'explosion des dons a même permis aux chercheurs de faire des avancées importantes dans la connaissance de la maladie.
7 janvier 2015, vers midi, la nouvelle d'un attentat dans les locaux de Charlie Hebdo commence à se répandre sur Twitter. Un directeur artistique et journaliste, Joachim Roncin, crée spontanément un visuel et du même coup une expression, reprise dans le monde entier en signe de solidarité. "C'est juste une façon d'exprimer le fait que je n'ai pas peur, qu'ils m'ont touché moi, ma vision de la démocratie, ma vision de la liberté d'expression", expliquait Joachim Roncin au Huffington Post au début d'année 2016. #JeSuisCharlie aura généré 6.500 tweets par minutes et est devenu l'un des hashtags les plus populaires du réseau. Quelques jours plus tard, au moment des attentats contre l'Hyper Cacher, une variante #JeSuisHyperCacher est apparue en solidarité avec les victimes.
Au moment des attentats de Paris le 13 novembre 2015, de nombreux internautes se sont mobilisés pour ouvrir leurs portes à ceux qui fuyaient les terroristes. Dans un immense élan de solidarité, de nombreux parisiens ont donc donné les codes de leurs immeubles avec le hashtag #PorteOuverte. D'autres mots clés ont également émergé, notamment pour ceux qui recherchaient des proches.
L'Académie des Oscars a été énormément critiquée au début de l'année 2016, au moment de la publication des nominations à la cérémonie. La liste dévoilée ne comprenait, dans les catégories principales, que des personnalités blanches. Quelques minutes plus tard, le hashtag #OscarsSoWhite, déjà partagé l'année précédente, prend la tête des tendances monde et met sérieux un coup de projecteur sur un supposé racisme latent de l'Académie. La controverse a atteint un tel point que l'Académie a dévoilé des mesures visant à promouvoir la diversité au sein des Oscars.
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