La "liste de souhaits" du ministère de l'Intérieur ne va pas faire que des heureux. Vendredi 4 décembre, une note interne rendue publique par le journal Le Monde révélait les mesures que la police et la gendarmerie souhaiteraient voir prises, alors que deux projets de lois sur l'état d'urgence et sur la lutte anti-terrorisme sont en cours d'élaboration. Une liste encore loin de constituer un projet de loi, selon le quotidien, qui n'a pas encore été étudiée par le ministère.
Parmi ces souhaits, cependant, un certain nombre concernent l'accès aux données de connexion et et aux communications par téléphone et sur le web. Avec, en toile de fond, un objectif pour les forces de l'ordre : déclarer la guerre aux services et logiciels qui permettent aujourd'hui d'anonymiser ses appels ou sa connexion sur le web.
L'interdiction des "connexions wi-fi libres et partagées" et la suppression des "connexions wi-fi publiques" est l'une des propositions phares de ce rapport. En clair, les forces de l'ordre proposent de limiter au maximum la possibilité de se connecter sur Internet de manière anonyme. Dans le même sens, une autre proposition consiste à obliger les cybercafés à "la tenue d'un livre de visites" pour contrôler l'identité des clients. Autres commerces qui pourraient être contraints à systématiquement relever l'identité de leurs clients : les taxiphones, qui vendent des cartes prépayées et des téléphones jetables.
Si ces mesures de contrôle sont techniquement possibles, elles restent cependant difficiles à mettre en place concrètement, car ces petits commerçants ne disposent pas toujours de l'équipement adéquat pour récupérer l'identité de leurs clients.
Autre mesure à l'étude : "interdire et bloquer les communications des réseaux TOR en France et les connexions TOR sortant du territoire". TOR (The Onion Router) est un vaste réseau qui permet aux internautes de s'assurer une navigation anonymisée. L'outil, utilisé par une minorité d'internautes, est devenu populaire auprès de certains criminels mais aussi de dissidents, journalistes et avocats dont l'activité dite "sensible" requiert de la confidentialité.
Le blocage de TOR est également envisageable. Mais cela nécessiterait un travail de traçage important pour les forces de l'ordre, car certains noeuds d'accès au réseau ne sont pas publics, et risquent donc d'être difficiles à retrouver.
Le rapport s'engouffre également dans un sujet qui fâche : la question de l'espionnage de la télécommunication sur internet. Depuis les révélations de Snowden sur la surveillance de milliers de communications par la NSA, les grandes entreprises fournisseuses de services de communication, comme Google, Apple ou Skype, font tout pour protéger les communications. Mais dans le cadre de la lutte anti-terrorisme, le gouvernement français se fait plus pressant pour accéder à ces communications. Mais de leur côté, les entreprises refusent pour l'heure de fournir à l'État français les moyens techniques d'accéder à ces données, de peur que d'autres États (ou d'autres groupes pirates) s'engouffrent dans la faille.
Manuel Valls a assuré mercredi que l'interdiction des accès à Internet via des Wifi publics n'était "pas une piste envisagée" par le gouvernement, en écartant également une interdiction de l'outil d'anonymisation sur internet TOR. "Non, l'interdiction du Wifi n'est pas une piste envisagée aujourd'hui, je vous le confirme", a déclaré le Premier ministre sur BFMTV/RMC.
Le chef du gouvernement a affirmé "ne pas avoir entendu parler" d'une demande de la police de faire interdire ces réseaux ouverts, qui compliquent l'identification des personnes qui les utilisent pour accéder à internet. "Internet est une liberté, est un moyen extraordinaire de communiquer entre les gens, c'est un plus pour l'économie", a souligné Manuel Valls, tout en soulignant qu'il était "aussi un moyen pour les terroristes de communiquer et de diffuser leur idéologie totalitaire".
"Que la police regarde l'ensemble des aspects qui permettent de mieux lutter contre les terrorisme, bien évidemment, mais il faut prendre des mesures efficaces", a déclaré Manuel Valls. Quant à une interdiction du système TOR ("The Onion Router"), qui permet d'empêcher l'identification d'un internaute via son adresse internet dite "IP", le Premier ministre a également dit qu'il n'y était pas favorable.
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