Isabelle Morini-Bosc : "TF1, c'est à la fin du marché qu'on compte les bouses"

C'est tout de même amusant de constater à quel point, "nous les médias", avons davantage le sentiment de dire la vérité quand nous sommes négatifs ou brutaux (sauf quand c'est médiatiquement tendance de soutenir une cause-ou-un-réseau). Prenons le cas de TF1, à quelques 24 heures (a priori) du passage de relais à la tête de la chaîne entre le beau Corse Nonce Paolini et le Lyonnais Gilles Pelisson. Le TF1 du futur a beau avoir quasiment commencé hier, nous allons nous concentrer sur celui d'aujourd'hui qui n'est pas encore tout à fait celui de demain! Vous me suivez?

Pour parler clair, nous allons nous pencher sur le bilan annuel de la première chaîne d'Europe avec la ferveur d'un entomologiste devant ses fourmis-industrieuses. On en a le droit sinon le devoir (pour NT1, HD1, TMC, LCI, on verra plus tard). Et que disions-nous tous de TF1 avant les grandes vacances ? Que le groupe "buvait le bouillon" et par bouillon, on n'évoquait évidemment pas le contenu d'un plat de Masterchef. On en profitait en revanche justement pour évoquer également au passage la contre-performance de ce jeu-concours culinaire hélas programmé hors bonne saison : la mayonnaise n'avait donc logiquement pas pris. On avait aussi montré du doigt l'échec des nouveaux jeux, celui des polars chic façon Falco, sans oublier le déclin de plusieurs séries américaines en déficit d'expertises. Bref, rien n'allait, rien n'allait surtout de soi.

Les 20 heures ont repris des couleurs

Je me souviens d'un quotidien titrant avec jouissance "Quand ça veut pas, ça veut pas". Le tout colporté dans le sens du vent par le fameux buzz auquel rien n'échappe plus jamais. TF1 allait-elle le prendre en bonne part de marché ou pas ? A votre avis ?! Il faut rendre cette justice à la Une, qu'elle n'avait pas surréagi (c'est même ce que d'aucuns lui ont reproché), notamment après "l'affaire Claire Chazal", et la défense active de l'élégante présentatrice du weekend par ses meilleurs amis. Qu'en est-il aujourd'hui ?

On constate pour commencer que les 20 heures ont repris des couleurs. Celui de Gilles Bouleau a ainsi creusé l'écart avec la concurrence, en réalisant par exemple hier sa deuxième meilleure audience de la rentrée en rassemblant 6.500.000 téléspectateurs (même bonne installation pour Anne-Claire Coudray). On note pour continuer qu'il n'y a plus de frictions du côté des fictions. Les deux feuilletons policiers (Le mystère du lac et Une chance de trop) ont enthousiasmé des téléspectateurs qui venaient de ranger la serviette de plage pour ressortir celle de bureau. Et ce qui vaut pour les fictions vaut pour les divertissements. The Voice Kids? En hausse sur un an. Le lancement de Danse avec les Stars ? Idem sur la même période. Les programmes "apéritifs apéricubes"? Ils fonctionnent aussi : Quatre mariages pour une lune de miel, Money drop ou Bienvenue à l'hôtel.

Le succès, comme le courant, est alternatif

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Et on gardait bien sûr le meilleur pour la fin, avec le rugby et des demi-finales sans la France rassemblant pourtant jusqu'à 8.700.000 de fanas. C'était écrit, dites-vous ? C'était acheté, surtout, attendu que diriger c'est prévoir ! Que dire en conclusion ? Que le succès, comme le courant, est alternatif. Que la vérité d'un jour n'est pas la vérité de toujours. Ce pourrait être la traduction d'un vieux proverbe paysan qui veut que "c'est à la fin du marché qu'on compte les bouses"!