Isabelle Morini-Bosc : "On ne comprend pas le principe actif de Numéro 23"

Petite confidence, je voulais parler aujourd'hui de Numéro 23, cette chaîne dont beaucoup de gens vont découvrir qu'elle existait au moment où elle pourrait disparaître. Une chaîne officiellement baptisée "chaîne de la diversité", c'est à dire "contenant" des minorités de tous ordres qui cohabitent à l'antenne et en coulisses "pour faire accepter leurs différences au nom d'une société libérale encore à construire", riche et diverse. Ce devait donc être la chaîne contre tous les racismes, notamment la lutte contre l'homophobie et pour faire accepter le handicap.

À l’arrivée, je mets au défi toute personne peu au fait du cahier des charges de comprendre le "principe actif" de ce Numéro 23 dont on dit évidemment méchamment que son numéro indique le nombre de personnes qui regardent. C'est sans doute injuste pour ceux qui y travaillent "en toute intégrité" mais tellement justifié par rapport aux "copains" (bien vu des bobos parisiens) qui y font "ce qu'ils veulent quand ils veulent comme ils veulent". La philosophie de la chaîne s'avère aussi floue que le sommet du Mont Blanc un jour de plein brouillard...Sauf si on pense bien sûr que le tatouage (thème sur-traité à l'antenne) est un langage qui mérite de remplacer tous les autres. Mais on aura l'occasion d'en reparler.

Des pipoles en mal de déclaration fracassante

Il me faut pour l'instant en venir à mon autre thème de débat avec cette question préalable: Pourrait-on éviter de tendre le micro à n'importe quel "pipole en mal de déclaration fracassante". Dernière en date : Mariane James, que j'aime profondément mais qui a déclaré ce matin qu'on ne pouvait pas "être chrétien et voter à droite". Qu'elle pouvait, elle, être croyante parce qu"elle était de gauche ! Mais qu'est-ce que c'est que ce fatras ? D'abord c'est quoi, la droite, la gauche, en fait ? Ensuite ce serait trop simple si les gens étaient toujours ce qu'ils semblaient être. Enfin comme dit l'autre, qui ose se vanter d'avoir le monopole du cœur (en s'estimant dispensé du coup de le prouver). N'étaient-ils pas officiellement de gauche, les humanistes notoires Fidel Castro, Lénine, Staline, et le très national-socialiste Hitler ? Ah, certains ont remarqué que dans les faits, ils ne l'étaient pas ?! Finement observé ! Un sociologue n'aurait pu mieux dire.

Et moi, apolitique comme d'autres sont athées, je précise simplement que j'ai été vaccinée contre le militantisme de classe depuis mon adolescence et mes années d'amitié avec un groupe comprenant des handicapés physiques et d'autre sévèrement atteints mentalement; c'est ce temps où mes camarades de fac trotsko-komunistes me sollicitaient par ailleurs régulièrement (à Grenoble ville rose-grenadine) pour participer à des marches contre l'exclusion; "ça tombe bien, leur déclarais-je, je viendrai avec mes amis en fauteuil". Il fallait voir à l'époque leur œil rond et leurs explications alambiquées pour interdire tout accès à mes camarades invalides, puisque "rien n'était conçu pour eux dans cette société qu'ils disaient pourtant vouloir changer". De ce jour-là, je me suis jurée de ne jamais juger les gens sur ce qu'ils votaient mais sur ce qu'ils faisaient. On peut avoir des amis des deux bords qui, contrairement aux droites parallèles, se rencontrent parfois et que je me propose de présenter à ma Marianne si, d'aventure, elle envisage de considérer le monde avec plus de nuances qu'elle ne lui en prête.

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