Isabelle Morini-Bosc : "Dire que rien de bon ne sort de la télé-réalité est tout bonnement absurde"

ÉDITO - Isabelle Morini-Bosc s'insurge à propos des préjugés concernant certaines émissions de divertissement.

L'intérieur de la "Maison des Secrets" de Secret Story, saison 9.

Crédit : TF1

Je viens de faire une incroyable découverte : le cerveau de certains penseurs des médias et de la politique, comme de la mémoire d'Internet, conservent à vie des données que vous croyiez avoir effacées. En quoi est-ce similaire ? C'est simple : lorsque ceux que nous avons cités ont une "idée reçue" en tête, ils la gardent, quelque preuve que vous leur apportiez de leur erreur. C'est ainsi, ça va ensemble !

Avant l'air technologique, nous aurions comparé leur capacité d'évolution dans l'analyse à celle, entre autres, d'un ruminant qui naît et meurt avec le même cerveau préformé ; c'est-à-dire sans développement cérébral complémentaire entre le début et la fin... J'en ai encore eu la preuve hier avec cette réflexion d'un confrère journaliste dénonçant les "dégâts irréversibles de toutes natures" que causent (sur les cerveaux des jeunes) "les émissions de télé-réalité".

Ce débat n'aurait pas lieu d'être si on faisait l'effort de définir chaque émission au lieu de sur-utiliser ce terme bateau de "télé-réalité"

Isabelle Morini-Bosc

Toutes les émissions de télé-réalité. Rien que les émissions de télé-réalité. Soit une catégorie dans laquelle il mettait tout et son contraire: Anges et Ch'tis à Los Angeles, Rio, Marseille, Pétaouchnok ou ailleurs. Agriculteurs de L'Amour est dans le pré... Artistes de cette France qui a Un incroyable talent... Chanteurs de The Voice ou de La Nouvelle Star, etc. "Ils vont faire un succès mais personne ne percera vraiment, et tout ça nous fera des suicidaires incapables de supporter le retour à l'anonymat", a lancé ce journaliste.

En voilà un jugement d'un seul tenant, un jugement "enclume" ! Parce qu'il connaît, lui, des chanteurs à l'ancienne à qui on avait au départ "certifié" un succès à vie, garanti "par contrat et sur facture", sans fractures de vie d'aucune sorte. Ce débat n'aurait pas lieu d'être si on faisait l'effort de définir chaque émission au lieu de sur-utiliser ce terme bateau de "télé-réalité" qui, à l'origine aux États-Unis, désignait simplement ce qui concernait "le secteur de l'info". Alors qu'aujourd'hui, il désigne "chez nous" tout ce qui n'en est pas ! Or donc, La Nouvelle Star ? Un télé-crochet. L'Amour est dans le pré et dans le foin ? Une émission de rencontres. Secret Story ? Une erreur de la nature !

Quid des Victoires de la Musique ?

Dire que rien de bon ne sort de la télé dite "réalité" est tout bonnement absurde. Et ballot ! Mon camarade cite The Voice et La Nouvelle Star comme des exemples de ratages ? Ah bon ? Camélia Jordana, Christophe Willem, Elodie Frégé, Julien Doré, ou l'incroyable talent Marina Kaye, c'est donc "de la petite bière" ? Sûrement pas, d'autant qu'aucun d'eux ne s'est fait mousser. Et n'oublions pas ces ex-candidats qui ont mis leur organe et leurs tripes au service d'une troupe, ou ont intégré des sociétés de production. Mais sont évidemment surtout cités à paraître et comparaître dans cette chronique les Fréro Delavaga, Louane, Kendji, etc., qui présentent deux points communs : ils ont percé grâce à la télé et ils sont pourtant tous nommés aux prochaines Victoires de la Musique !

C'est farce quand on sait que cette cérémonie, bien que retransmise sur France 2, aime autant la télévision qu'une bimbo de Secret Story aime le Bescherelle. Ceux qui doivent leur popularité au petit écran leur semble habituellement suspects. Au point de souhaiter à ces voix de tête une voie de garage. C'est dire la prouesse des "perdreaux de l'année 2016". Il est vrai qu'ils peuvent se vanter d'avoir marqué l'année commerciale par leurs ventes, notamment Louane avec les 809.000 exemplaires de Chambre 12, soit le record en 2015. À propos de Victoire, si c'en n'est pas déjà une, ça !

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