La réconciliation de Donald Trump avec la Silicon Valley, mise en scène mi-décembre à la Trump Tower, aura finalement fait long feu. Dix jours après son investiture, le 45e président des États-Unis est de nouveau dans le viseur des figures de l'industrie des nouvelles technologies. Le décret anti-immigration du nouveau locataire de la Maison Blanche a ravivé l’opposition manifestée par les patrons du secteur pendant la campagne présidentielle. À l'époque, aucune star du numérique n'avait soutenu le candidat républicain, à l'exception de Peter Thiel (cofondateur de Paypal et membre du board de Facebook).
Le texte entré en vigueur vendredi interdit l’entrée sur le sol américain de ressortissants d’Iran, d’Irak, de Libye, de Somalie, du Soudan et du Yémen pour une durée de 90 jours et de Syrie jusqu’à nouvel ordre. La décision a semé la pagaille dans les principaux aéroports du pays où des manifestations ont été organisées tout au long du week-end. D'habitude peu enclines à prendre position dans le débat public, plusieurs personnalités de la Valley y ont assisté. Notamment le cofondateur de Google, Sergey Brin, immigré aux États-Unis à l’âge de six ans après avoir fui l’Union soviétique.
Le décret anti-immigration menace
directement les intérêts des entreprises du secteur qui embauchent les talents
les plus brillants pour créer des produits et des services. Profitant à fond de la mondialisation, la
Silicon Valley emploie une importante main d’œuvre étrangère afin de combler le
manque d’Américains diplômés en informatique. D’après Bloomberg,
deux tiers des salariés en informatique et mathématique et six ingénieurs sur
dix sont issus de l’immigration dans la région. Selon les chiffres de Join
Venture Silicon Valley, les étrangers représentent 37% des habitants de la baie
de San Francisco, contre 13% en moyenne dans le reste du pays.
Environ 187 employés de Google sont
directement concernés par les nouvelles restrictions, a affirmé dans un courriel
interne le PDG de Google, Sundar Pichai, arrivé aux États-Unis à l’âge de 22
ans en provenance d’Inde et "inquiet de l’impact de ce décret et de toute
proposition qui pourrait imposer des restrictions sur les employés de Google et
de leurs familles et qui pourrait créer des barrières pour importer des talents
aux États-Unis".
"Les mesures de Trump affectent les employés de Netflix à travers le monde", a écrit sur Facebook, Reed Hastings, le PDG de Netflix. "Il est temps de joindre les mains pour protéger les valeurs américaines de liberté et d’opportunité". Microsoft a prévenu dès jeudi dans un document boursier que les nouvelles restrictions pourraient nuire à sa capacité à pourvoir tous les postes dans ses équipes de recherche et développement.
Les entreprises de la Silicon Valley
montent aussi au créneau pour défendre les valeurs de la Californie, symbole de
liberté et de diversité. Plus de la moitié des licornes ont été fondées par des immigrés. Ces nouvelles restrictions font
directement écho aux trajectoires personnelles de leurs patrons. "Apple n’existerait pas sans l’immigration",
a réagi samedi son PDG, Tim Cook, dans un courriel adressé à ses salariés. Une
allusion au parcours de Steve Jobs, père fondateur de la marque à la pomme et fils d’immigré syrien, l’une des sept nationalités désormais indésirables sur
le territoire américain.
Quelques jours après avoir démenti les rumeurs autour de ses ambitions politiques, le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, a réagi dès vendredi sur le réseau social. L’entrepreneur a rappelé
ses origines allemande et autrichienne ainsi que les origines chinoise et
vietnamienne de sa femme Priscilla afin de souligner combien "les
États-Unis sont une nation d’immigrants. Mark Zuckerberg milite depuis longtemps pour un
assouplissement des règles d’immigration, que Donald Trump s’est engagé à
réduire pendant la campagne.
Le réseau social Twitter a rappelé qu’il
est le fruit "d’immigrants de toutes les religions" et que l’entreprise
sera "toujours à leurs côtés". Le patron du réseau social, Jack
Dorsey, a souligné pour sa part combien les États-Unis "bénéficient de
ce que les réfugiés et les immigrants rapportent". "En tant qu’immigré et PDG, j’ai
conscience de l’impact positif que l’immigration a sur notre entreprise, sur le
pays et sur le globe", a affirmé Satya Nadella, le patron d’origine
indienne de Microsoft.
De nombreux voyageurs se sont trouvés stoppés samedi à leur entrée aux Etats-Unis, ou interdits de prendre leur vol à destination de l'Amérique. Les compagnies américaines ont annoncé des mesures pour parer à l’urgence à travers la mise en place de cellules juridiques et d’assistance aux salariés impactés. "Nous sommes en train de déterminer l'impact sur nos effectifs et de voir la meilleure façon de les protéger eux et leurs familles", a indiqué Facebook à l'AFP.
Google a débloqué un fonds d'urgence de 4 millions de dollars. Chris Sacca, un des grands financiers du secteur, a promis samedi de doubler au moins la somme que lèverait l'organisation de défense des droits American Civil Liberties Union (ACLU), qui a attaqué devant la justice américaine ces restrictions à l'immigration. Le PDG d’AirBnb, Brian Chesky, a annoncé de son côté que son entreprise allait "fournir un hébergement gratuit aux réfugiés et à toute personne interdite d’entrée aux États-Unis".
Accusé d'avoir voulu tirer profit d'une manifestation contre le décret pour faire grimper les prix de son application, Travis Kalanick, le patron d'Uber, s'est engagé à soulever la question lors d'une réunion prévue vendredi à Washington avec le conseil industriel, un cénacle de grands patrons américains mis en place par Donald Trump pour le conseiller sur sa politique économique où figure également le boss de Tesla et Space X, Elon Musk. D'autres comme Dell, Oracle ou IBM se sont fait beaucoup plus discrets sur la question.
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