Nivellement par le bas, langue française sacrifiée, paresse intellectuelle... Depuis mercredi 3 février, les titres alarmistes se succèdent dans les médias pour signaler la mort prochaine de langue française. En cause, l'annonce de l'entrée en vigueur à la rentrée prochaine d'une réforme orthographique modifiant 2.400 mots pour faciliter leur apprentissage par les plus jeunes. Le menu de ce choc de simplification fait trembler les amoureux des particularismes du français.
L'accent circonflexe sera facultatif sur le "u" et le "i", tout comme le trait d'union pour les mots composés et, à l'instar de "nénufar", de nombreux mots seront désormais acceptés sous une graphie calquée sur leur prononciation. Les réseaux sociaux sont vent debout. Le syndicat étudiant de droite UNI a même lancé une pétition dénonçant "l'infâme réforme" imposée par la ministre de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem.
Interrogé par L'Express, le président du Conseil national des programmes estime que la polémique relève de "l’amalgame" et dénonce "une manipulation politique". Cette réforme n'a en effet rien d'autoritaire. Imaginée par le Conseil supérieur de la langue française à la fin des années 1990 pour parer au déclin de la langue française à l'étranger, elle a été validée par l'Académie française et publiée dans la partie administrative du Journal officiel le 6 décembre 1990.
La révision n'a alors aucune valeur contraignante. Les professeurs doivent seulement tolérer l'orthographe rectifiée dans les copies d'examen. Mais ils ne sont pas tenus de l'enseigner en classe. La réforme revient sur la table en 2008, lorsqu'elle est mentionnée dans les textes de l'Éducation nationale pour rappeler que les recommandations de l'Académie française en 1990 sont la référence. Une précision rappelée à nouveau dans le Bulletin officiel de l'Éducation nationale du 26 novembre 2015, le document qui a mis le feu aux poudres mercredi.
Comme à l'époque, ces recommandations n'ont rien d'obligatoires. La seule nouveauté est que les éditeurs et auteurs de manuels scolaires s'y plieront dés la rentrée 2016. Les ouvrages d'orthographe et de grammaire distribués en septembre prochain porteront un macaron "Nouvelle orthographe" pour signaler les mots concernés par la réforme de simplification.
Interrogée par Le Monde, Sylvie Marcé, présidente des éditions Belin explique que "le fait que le ministère lui-même a rappelé l'importance de l'orthographe de la langue, et a inscrit à l'intérieur des programmes que la référence est celle de 1990" a "probablement poussé les éditeurs à tous sauter le pas". Mais que les parents se rassurent. L'orthographe actuelle restera d'usage. Les deux graphies tolérées seront simplement gravées dans les manuels scolaires. Ce qui n'empêche pas les professeurs de regretter une révision inadaptée et compliquée à mettre en oeuvre.
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