Elle est décédée le 18 novembre 2015 dans l'assaut de l'appartement au 3e étage du 8, rue du Corbillon, à Saint-Denis. Hasna Aït Boulahcen avait pourtant hurlé au RAID de la "laisser sortir". Mais voilà, la jeune femme âgée de 26 ans était en compagnie de deux terroristes parmi les plus recherchés d'Europe : Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh, qui venaient de commettre l'impensable en France. Des attentats qui ont fait 130 morts et plus de 400 blessés.
C'est Hasna Aït Boulahcen qui a trouvé cet appartement pour les deux jihadistes revenus de Syrie pour attaquer le territoire français. Elle l'a déniché grâce à Mohamed Soumah qui l'a présentée à Jawad Bendaoud. Les deux sont jugés depuis le 24 janvier au tribunal de grande instance de Paris pour recel de malfaiteurs terroristes et risquent 6 ans de prison. Le frère de la jeune femme, Youssef Aït Boulahcen comparaît aussi, mais libre, et pour non-dénonciation de crime terroriste. Il risque 5 ans de prison.
Mercredi et jeudi, la présidente du tribunal correctionnel s'est intéressée aux cas de Youssef Aït Boulahcen et Mohamed Soumah. La question est de savoir s'ils étaient au courant. Le premier, s'il savait que son cousin germain, Abdelhamid Abaaoud, était sur le territoire français et projetait de nouveaux attentats dans le quartier de la Défense.
Le second, s'il savait qu'il mettait en contact son associé Jawad Bendaoud avec les terroristes du Stade de France, des terrasses et du Bataclan. Leur source d'information potentielle : Hasna Aït Boulahcen.
Elle aurait pu être la clef déterminante de leur culpabilité ou de leur innocence. Il y a des conversations à trou qu'elle aurait pu boucher pour aider à faire éclater la vérité. Les deux accusés maintiennent que non ils ne savaient pas. Ils peignent le portrait d'une jeune femme en quête de reconnaissance, de célébrité et d'aventures. Hasna se vantait haut et fort d'être la cousine du "jihadiste le plus recherché d'Europe", jusque devant son conseiller Pôle Emploi. Une quête qui l'aura finalement amenée vers sa mort.
Une "pipelette", "fofolle", "toxico"... Les mots choisis pour la décrire dans les procès verbaux et pendant les interrogatoires ne sont pas glorieux. Des lectures de la présidente Isabelle Prévost-Desprez ressort une personnalité quelque peu confuse, énergique et dissipée.
Youssef Aït Boulahcen, son frère, la décrit comme une personne qui avait "besoin de s'inventer une religion, une identité". "J'ai toujours mis une barrière, une distance. Elle est à l’image d’une gazelle qui s’offre à des crocodiles. Elle est au bord de la rivière et dis 'croquez-moi !'", raconte-t-il dans la 16e chambre du tribunal correctionnel.
Elle est à l’image d’une gazelle qui s’offre à des crocodiles
Youssef Aït Boulahcen, frère d'Hasna Aït Boulahcen et cousin d'Abdelhamid Abaaoud
Il est la première personne qu'elle a appelée après avoir reçu l'ordre depuis la Belgique de Mohamed Belkaïd, le "gynéco", d'héberger les terroristes. "Je comprenais rien à ce qu’elle voulait, elle me parlait d’héberger quelqu’un, savoir si je pouvais, elle faisait des hypothèses, si un cousin était là, est-ce que je pouvais l’héberger…", puis elle parlait d'un "cousin", d'une "cousine", d'un "réfugié", "l'ami du cousin...", explique Youssef Aït Boulahcen.
"Elle restait ambiguë, c’était incohérent. Je me disais qu’elle voulait me faire tourner en bourrique. Je n’ai jamais eu la certitude qu’Abaaoud était en France", poursuit son petit frère qui décrit une personne "psychologiquement instable". D'ailleurs, le dernier message qu'il enverra à sa sœur, selon lui, avant de la bloquer c'est : "Tu t'es bien foutue de ma gueule".
Son frère note aussi un "paradoxe total" entre le voile intégral que portait Hasna Aït Boulahcen, ses envies de mariage avec des jihadistes, et son comportement de tous les jours. Comme le rapporte Mohamed Soumah, l'intermédiaire entre le logeur et la cousine d'Abaaoud, cette dernière consommait de la cocaïne et de l'alcool.
Il pensait même "la baiser", selon ses propres termes au tribunal, interrogé jeudi 25 janvier. "Moi, je vois une petite beurette, jean moulé, une bouteille d'alcool, c'est l'hiver il fait froid, je pense pouvoir m'faire un petit billet et peut-être la baiser", développe-t-il devant une audience amusée par ses déclarations crues.
Une petite beurette, jean moulé avec une bouteille d'alcool
Mohamed Soumah, intermédiaire entre Jawad Bendaoud et Hasna Aït Boulahcen
Mohamed Soumah l'a rencontrée pour la mettre en contact avec Jawad Bendaoud et a eu l'occasion d'échanger un peu avec elle. Il raconte : "Hasna, en moins de deux minutes elle me parle de son ex-mari. Elle pleure, elle me parle de son frère qui est mort. Elle me dit que je suis beau. Moi, je me dis, elle est un peu fofolle, c’est une toxico (...) Cette femme peut passer d'un sujet à un autre sujet en un claquement doigt, je comprends pas".
Elle lui parle des "Feux de l'amour", d'un "gynéco", des noms de codes qui se traduiront finalement par les reportages et sujets médiatiques sur les attentats et son cousin, et un commanditaire, Mohamed Belkaïd, alors en Belgique.
Et quand la présidente lit les conversations téléphoniques de la jeune femme avec ses différents interlocuteurs, tout n'est pas toujours très clair. Ce qui vient confirmer ces versions de la personnalité agitée d'Hasna Aït Boulahcen qui "parlait souvent à plusieurs personnes en même temps" et passait du coq à l'âne, selon les accusés.
C'est finalement la colocataire d'Hasna Aït Boulahcen, sous le pseudonyme de Sonia, qui a prévenu les autorités de la présence d'Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh à Saint-Denis, et empêché la réalisation de nouveaux attentats.
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