"On a six jours pour enterrer les défunts, on ne peut pas les garder éternellement", explique calmement Myriam Amsler, secrétaire-comptable des pompes funèbres Bonhomme, situées dans l’Orne. Derrière elle, son patron, Mr Bonhomme lui souffle les réponses. Les services funéraires font parties des véhicules classés comme prioritaires par certaines préfectures, comme celle de l'Orne. Concrètement, ces voitures sont prioritaires dans les files d'attente et reçoivent un plein limité à vingt litres par véhicule par jour et par station.
"La pompe est programmée pour livrer 20 litres maximum, pour l’instant ça va, on ravitaille plusieurs fois dans la journée au compte-goutte", précise Myriam Amsler. "Ils ne contrôlent pas encore les plaques d'immatriculation pour vérifier qu'on est pas passés plusieurs fois", dit-elle dans un rire jaune. Pour les travaux de gros œuvre au cimetière, il faut faire le plein de 300 litres des camions. M.Bonhomme, le patron, y est parvenu. Aucune cérémonie funéraire n'a été reportée "pour le moment".
"Les arrêtés du préfet sont de deux natures, ceux d'interdiction et ceux de réquisition", analyse Joëlle Marié, responsable de la communication de la préfecture de l'Orne. Elle précise que ces décisions ne sont pas limitées dans le temps.
D'ailleurs, la réquisition de certaines stations services pour les automobiles prioritaires a été modifié trois fois en l'espace de deux jours. "Hier, nous avions cinq stations réquisitionnées, le soir, nous sommes passées à treize, pour finalement revenir à cinq aujourd'hui", dit-elle. Dans le Calvados, la station Total de Mondeville, située près des pompes funèbres de M. Barbier a été réquisitionnée pour les véhicules prioritaires.
Dans le Calvados, M. Barbier, gérant de pompes funèbres n'a pas encore décalé d’enterrement : "C’est déjà suffisamment compliqué pour les familles". Pour continuer à travailler, il explique être allé deux fois dans la journée dans des stations essences différentes pour renouveler son plein de 20 euros, plafond maximal autorisé par la préfecture.
Du côté de la préfecture de l'Orne, Joëlle Marié suppose qu'il y a des contrôles : "En tout cas, les stations services sont punis par une amende de catégorie cinq". Une équipe de la préfecture fait une ronde des stations tous les soirs pour s'enquérir de l'état des réservoirs : "Difficile de connaître avec précision l'état des stocks, les stations sont livrées toute la journée".
Sur Twitter , "Jhijo", un auto-entrepreneur, précise qu’il va devoir prêter son véhicule à son épouse, infirmière indépendante.
Tous deux habitent à Ginestas, au nord-ouest de Narbonne, où aucun déplacement n’est possible sans voiture. L’ancien militaire n’a pu remplir son réservoir que dans quelques stations, celle de l’Intermarché et des villages alentours.
Le dépôt de Frontignan (34) a depuis été pris d’assaut par les camions citerne. La préfecture du Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées n’a pas, pour l’instant, mis en place d’accès prioritaire à l’essence. L’internaute confesse sa surprise. Dans son département, l’Aude, il n’est pas souvent frappé par les grèves : "Je voulais dire que cette soit disant pénurie de carburant touchait, au cour de notre pays, des professionnels qui ont un besoin vital de carburant !"
Une situation qui rappelle l'automne 2010, lorsque les militants syndicaux battaient le pavé contre la réforme des retraites. Déjà, les automobilistes avaient du faire face à des pénuries de carburants. A l'heure actuelle, Joëlle Marié de la préfecture de l'Orne, elle, se veut rassurante : "Il n'y a pas encore de pénurie à nos yeux".
Nous ne faisons pas de répression, nous appelons plutôt au civisme de chacun. Si les gens ne faisaient pas de réserves de carburant, nous n'aurions pas ce genre de problème.
Joëlle Marié, préfecture de l'Orne
Un leitmotiv que martèle aussi le gouvernement, de Manuel Valls à Alain Vidalies. La préfecture de l'Orne préfère appeler ses automobilistes à la raison. "Nous ne faisons pas de répression, nous appelons plutôt au civisme de chacun. Si les gens ne faisaient pas de réserves de carburant, nous n'aurions pas ce genre de problème", répète-t-elle, sûre d'une chose, "les services prioritaires ne seront pas impactées par le manque de carburant".
Myriam Amsler, employée des pompes funèbres Bonhomme de l'Orne tempère : "Quand je n'aurai plus d'essence dans ma voiture, j'aurai beau avoir du carburant dans le corbillard, je ne pourrai plus venir travailler". Comme disait Ricet Barrier : "Quand il n'y aura plus de d'pétrole, on s'promènera en carriole"... ou en corbillard.
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