Attentats à Paris : le passé judiciaire trouble de Mohamed Abdeslam

"La Dernière Heure" rapporte que Mohamed Abdeslam, le frère de deux des terroristes impliqués dans les attentats de Paris, était membre du "gang des ambulanciers charognards" lorsqu'il avait 18 ans.

Mohamed Abdeslam, frère de deux des terroristes des attentats de Paris, place un bougie à la fenêtre de l'appartement familial à Molenbeek, en Belgique

Crédit : AFP

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Depuis les attentats, Mohamed Abdeslam fait le tour des médias pour laver l'honneur de sa famille entaché des funestes agissements de ses frères Brahim et Salah, deux des terroristes présumés des attentats de Paris. Le premier s'est fait exploser dans un bar du XIe arrondissement de Paris le 13 novembre dernier. Le second est l'homme le plus recherché d'Europe, soupçonné d'avoir convoyé les trois kamikazes du Stade de France le soir des attaques qui ont coûté la vie à 130 personnes à Paris et Saint-Denis. À l'instar du reste de sa famille, Mohamed Abdeslam a été placé en garde à vue dans la foulée des attentats pour tenter de dérouler le fil de l'itinéraire meurtrier de ses frères. Mais aucune charge n'a été retenue contre lui et il a pu être relâché

Membre d'une filière de détrousseurs de cadavres

Libéré par les policiers après 48 heures d'interrogatoire, il s'est présenté sur le perron du domicile familial à Molenbeek, en Belgique, pour se défendre d'avoir tenu un quelconque rôle dans l'entreprise terroriste de ses frères. Devant une meute de journalistes du monde entier, il affirmait alors qu'il n'avait rien à voir avec leurs actes et qu'il n'avait aucune idée d'où pouvait se trouver Salah. Il glissait également qu'il n'avait "jamais eu d'ennuis avec la justice". Il semblerait cependant que ce dernier point ne soit pas aussi avéré qu'il ne l'affirme. Au moment de son arrestation, son nom était seulement évoqué dans des dossiers liés à des trafics de stupéfiants et à des vols. Les médias belges ont fait état samedi d'un élément de son passé judiciaire qui sème le trouble sur le profil de cet employé communal de Molenbeek.

Selon La Dernière Heure, le nom de Mohamed Abdeslam apparaît dans le dossier du "gang des ambulanciers charognards". En 2005, sept personnes avaient été arrêtées et écrouées pour avoir dépouiller plusieurs dizaines de cadavres lors de leur transfert de la morgue au funérarium. "Effets personnels, bijoux, argent, objets en tout genre, tout ce qui leur tombait sur la main était bon", écrit La Dernière Heure. Âgé de 18 ans à l'époque, Mohamed Abdeslam avait reconnu devant le juge avoir agi comme "un voleur, une crapule, un vautour" tout en tentant de diluer sa responsabilité en expliquant que la filière de détrousseurs de cadavres avait été mise en place bien avant son arrivée dans le service. Faute d'antécédents judiciaires et devant sa réinsertion réussie, la présidente du tribunal s'était montrée clémente. Ces vols post-mortem lui avaient finalement coûté deux ans de prison avec sursis.

"Une erreur de jeunesse" sans lien avec le terrorisme

Son avocate Me Nathalie Gallant a tenté d'éteindre l'incendie après les révélations de la presse belge. "Mon client a été jugé par défaut. Il a encore la possibilité de faire opposition et reste donc présumé innocent. De plus, les faits remontent à dix ans", a-t-elle indiqué à La Dernière Heure. Désormais rompu aux interviews télévisées, Mohamed Abdeslam s'est défendu sur le plateau de la RTBF. Devant les caméras du groupe audiovisuel public du plat-pays, le trentenaire a évoqué une époque où "il ne réfléchissait pas trop", "une affaire qui date de plus de onze ans et des faits commis à l'âge de 18 ans". "J'étais encore un jeune garçon immature et pas très responsable", a-t-il affirmé, évoquant "une grosse erreur de jeunesse".

Il a assuré ne plus avoir eu affaire à la justice depuis et refusé tout amalgame avec les actes terroristes dont sont désormais accusés ses frères. "On parle d'affaires très graves, d'attentats, de 130 personnes qui ont été massacrées à Paris. On parle de mon frère Salah qui est toujours en fuite et dont on a aucune nouvelle", a-t-il martelé. Interrogé sur la cavale de son frère Salah, il a émis des doutes sur la possibilité qu'il se soit rendu en Syrie. "Ce serait quand même étonnant qu'il ait pu rejoindre la Syrie avec tout ce qu'on entend aujourd'hui, avec sa tête affichée à toutes les frontières". Il n'exclut donc pas qu'il soit resté "dans sa zone de confort", à savoir en Belgique.

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