Laurence Vulsin a une sérieuse tendance à la mythomanie et une carrière contrariée de veuve noire. Une étrange personnalité qui lui a valu le surnom de "Catwoman" dans la presse et un procès au tribunal de Créteil. Elle était jugée mardi 3 mai pour tentative d'assassinat sur son mari, un élu local, en 2001. Toute vêtue de noir et tapie dans l'ombre, elle l'avait attendu, revolver à la main, pour le tuer.
Mais quel était le motif ? Difficile à dire tant "Catwoman" louvoie. Durant le procès, elle laisse dire, omet, romance... et reconnaît parfois, à court d'arguments, un mensonge. Face au juge, elle continue de cacher la vérité. Mains croisées sur son pull en cachemire beige, elle raconte son enfance en détail. Voix claire, vocabulaire sophistiqué, tout y passe, du plus fondamental - mort du père avant sa naissance - au plus anodin - "problèmes ORL", "redoublement en sixième". S'enchevêtrent vie familiale et parcours scolaire, d'où l'on déduit que l'accusée, après son bac, a passé deux ans en droit, avant de suivre une formation d'attachée de presse. Mais là encore, difficile de démêler le vrai du faux.
Point par point, le président du tribunal est obligé de revenir sur ses déclarations romancées. Le bac ? Elle ne l'a pas. "J'ai passé mon bac !", s'offusque-t-elle en jouant sur les mots avant de reconnaître ne pas l'avoir validé, tout en bénéficiant par la suite d'un faux document. Les études de droit ? "Deux ans de droit à la fac d'Assas" à Paris, soi-disant. Le président précise : "Une première année de capacité, que vous avez interrompue." L'accusée rétorque : "Oui, mais je l'ai faite deux fois !". L'école d'attachée de presse a elle aussi été rapidement abandonnée. Sa version des choses contredite, Laurence Vulsin reconnaît enfin : "Non, je n'ai pas de diplôme..."
Alors que faut-il penser du reste de l'histoire ? Laurence Vulsin raconte avoir subie "19 fausses couches" et être atteinte de sciatiques, d'hépatites virales, de dyslexie et d'amnésie. Un dossier particulièrement chargé. Sans compter l'addiction aux médicaments, les multiples tentatives de suicide, l'hyperactivité de son fils de 11 ans et l'anorexie de sa fille... Et la liste continue. En 2010, elle aurait vécu "une ablation des seins" à cause d'un cancer diagnostiqué dix ans plus tôt avec quatre récidives. Un quart d'heure d'audition plus tard : une "tumeur cancéreuse" aurait bien été retirée en 2001 à l'occasion d'"une réduction mammaire", avec un suivi médical certes, mais ni cancer, ni récidives, ni mastectomie. Quant à l'opération de 2010, il s'agissait d'implants...
"Je faisais croire à mon mari que j'étais opérée pour des tumeurs alors que c'était... de la chirurgie esthétique", bredouille-t-elle. "J'avais peur qu'il me quitte", ajoute-t-elle, affirmant que ce dernier allait alors voir des prostituées "avec des gros seins". "Je me disais : 'Peut-être que mes seins ne suffisent pas ?'" C'est pourtant lui qu'elle aurait voulu "éliminer" à peine un an plus tard : Christian Honoré, élu municipal (divers droite) de Valenton, dans le Val-de-Marne.
De ce second mari rencontré en 1995 à un meeting d'Edouard Balladur, l'ancienne "responsable départementale des jeunes giscardiens" dresse le portrait d'un homme dépressif et violent, contre lequel une procédure de divorce avait été entamée. Elle parle aussi de "viols". Les derniers mois, il n'aurait "acheté de la nourriture" que pour lui et les deux derniers enfants du couple, laissant l'accusée et ses deux filles aînées, issues de son premier mariage et qu'il avait pourtant adoptées, "manger les restes".
Face à cette ambiance "à couper au couteau", la femme de 48 ans a décidé de passer à l'acte, dans la nuit du 14 au 15 juin 2011, en vain. Elle sera interpellée vêtue de son costume de "Catwoman" étrange : en chaussettes avec une veste épaisse, une cagoule, un casque de moto et des gants d'examen en latex. Une drôle de panoplie pour une criminelle.
Jugée sous contrôle judiciaire aux côtés de deux anciens policiers, Michel Gallière, 47 ans, et Jean-Noël Naturel, 53 ans, accusés de complicité, elle reconnaît avoir voulu tuer son mari, mais affirme avoir renoncé au dernier moment. Au cours de cette première journée, celle qui dit avoir perdu "60 kilos" en quatre ans déclarera l'air de rien : "Quand on ment, on essaye de tenir son mensonge, jusqu'au moment où on arrête et où on dit la vérité." Un vérité qui devra éclater en plein jour avant le jour du verdict, le 11 mai.
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