Ce sera le procès de l'un des ambassadeurs les plus bling-bling de l'histoire de la diplomatie française. Boris Boillon est un "Sarko boy". Il fut conseiller de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur, puis à l'Élysée. Nicolas Sarkozy l'appelait "mon petit Arabe". Boris Boillon, arabophone, est propulsé ambassadeur. À Bagdad en 2009. Puis à Tunis. L'ambassadeur Boillon veut dépoussiérer la diplomatie. Le style est direct et musclé. Aussi musclé que son torse qu'il exhibe sur les réseaux sociaux. Au Quai d'Orsay, les diplomates à particules s'étranglent.
Le "Sarko boy" est remercié par le président Hollande en 2012. L'ex-ambassadeur se rhabille et enfile un costume. Il se met en disponibilité du Quai d'Orsay. Il va "pantoufler", c'est-à-dire passer du public au privé. Il crée une société de conseil et disparaît des médias. Jusqu'à cet après-midi de l'été 2013, à la gare du Nord à Paris.
Ce mercredi 31 juillet 2013, il porte un polo et un jean. Il n'a pas de portable sur lui. Il s'apprête à monter dans le Thalys pour Bruxelles. Plus précisément pour Uccle, commune championne de l'évasion fiscale. Contrôle, fouille. Boris Boillon nie transporter du cash. Mais dans son sac, les douaniers trouvent des milliers de billets de 100 euros. Au total : 350.000 euros et 40.000 dollars.
"Je n'étais pas à l'aise avec cet argent stocké en partie dans mon bureau et dans une mallette enterrée à côté de ma cave", se justifie Boris Boillon, qui ajoute : "Je voulais régulariser la chose au plus vite". L'ex-ambassadeur de France explique que "ça lui paraissait plus facile" en Belgique.
D'où vient cet argent ? L'intéressé va donner la réponse lors de son procès. Les sommes correspondent à des prestations de consultant auprès de sociétés irakiennes qui ont réglé en liquide en raison de la fragilité des banques de Bagdad. C'est la défense de l'ancien ambassadeur qui a fourni des documents, dont certains se sont révélés être des faux. D'où les poursuites pour faux.
Les enquêteurs se sont demandé s'ils devaient faire le lien avec l'enquête sur le possible financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy. Car Mouammar Kadhafi aimait bien Boris Boillon. Le colonel l'appelait "mon fils". L'argent était-il libyen ou irakien ? A priori, pas libyen. Mais la justice n'est pas parvenue à répondre à toutes les questions.
Un haut fonctionnaire peut-il ensuite aller faire des affaires ? C’est la question des conflits d'intérêts, revenue sur le devant de la scène avec la société de conseil de François Fillon. Boris Boillon, après être parti "pantoufler" dans le privé et s'être fait prendre la main dans le sac, a réintégré le corps diplomatique. Il a été nommé à la mission française l'ONU, à New York, avant d’être suspendu en novembre dernier lors de son renvoi en correctionnel. Il est aujourd'hui payé par le ministère des Affaires étrangères.
"Comment un haut fonctionnaire qui doit son carnet d'adresses à la République française, peut-il faire ainsi des aller-retour dans le public et le privé ?", s'interroge la député de Paris Sandrine Mazetier, qui a publiquement interpellé Jean-Marc Ayrault. Le Quai d’Orsay répond que Boris Boillon ne peut pas être sanctionné, voire radié de la diplomatie, avant que la justice le condamne.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte