L'hypertension peut aussi avoir des effets sur notre cerveau
REPLAY - On connaissait les conséquences néfastes de l'hypertension sur le cœur et sur les reins. On connaissait beaucoup moins son incidence sur les troubles de la mémoire et la maladie d'Alzheimer.
Près de 12 millions de Français souffrent d'hypertension, sans compter les 3 millions qui s'ignorent. La dernière étude, commandée par le Comité français de lutte contre l'hypertension artérielle, est formelle : entre 35 et 64 ans, la présence d'une hypertension augmente le risque de développer la maladie d'Alzheimer de 61%.
Ce lien est peu connu. L'hypertension, c'est cette pression anormalement forte du sang sur la paroi des artères. Bourdonnements d'oreilles, vertiges, essoufflement à l'effort : voilà les symptômes de l'hypertension dans sa forme sévère.
Mais la plupart du temps, c'est une maladie silencieuse et très insidieuse. "C'est un vieillissement du système vasculaire qui va s'accélérer", explique le professeur Jean-Jacques Mourad, cardiologue à l'hôpital Avicenne de Bobigny (seine-Saint-Denis).
"Comme on vieillit de nos artères et que, par ailleurs, on vit de plus en plus longtemps, on va laisser le temps à ce que les organes qui sont irrigués par ces artères commencent à faiblir et se manifester", poursuit-il.
Démences mixtes
L'un des organes touché, c'est le cerveau. "Aujourd'hui, on sait très bien que l'altération des fonctions cognitives du cerveau (la mémoire, la concentration, la perception dans le temps et dans l'espace) ne sont pas uniquement liées à cette substance qu'on appelle bêta-amyloïde, qui fait le diagnostic de la maladie d'Alzheimer", affirme le professeur Mourad.
"On sait que ces démences sont le plus souvent mixtes, c'est-à-dire qu'elles vont associer des anomalies vasculaires, qui sont le plus souvent à bas bruit. Elles ne sont pas manifestées par un événement aigu comme l'accident vasculaire cérébral, mais se constituent par l'obstruction de tout petits vaisseaux du cerveau due à l'épaississement de ces petites artères induit par l'hypertension artérielle et qui vont entraîner des défauts d'irrigation très ponctuels", ajoute-t-il.
C'est la multiplication de ces défauts d'irrigation ponctuelle des petites zones du cerveau qui va faire le lit, d'abord des troubles de la mémoire puis, si on ne fait rien, de la maladie d'Alzheimer.
Contrôler sa pression artérielle réduit les risques
L'hypertension se traite aujourd'hui très bien. Il suffit souvent d'une prise d'un comprimé tous les jours pour que tout rentre dans l'ordre. Or, la baisse de la pression artérielle par un traitement peut réduire de 50% le risque de troubles de la mémoire. D'où l'intérêt du dépistage.
"La pression artérielle qu'on a grossièrement entre 45 et 65 ans, va déterminer en grande partie la qualité de notre cerveau à 75 ans et plus. Contrôler sa pression artérielle permet de retarder d'au moins cinq ans l'installation d'une démence avérée", affirme Jean-Jacques Mourad.
Une prise de la tension tous les ans, à partir de 40 ans, quand tout va bien, c'est ce que recommandent aujourd'hui les médecins. Un site internet (comitehta.org) pour vous renseigner bien sûr sur tous les bénéfices des traitements.
