Primaire Les Républicains : Alain Juppé, "le prophète du bonheur", mise sur l'optimisme

Avec De vous à moi, Alain Juppé se livre sur ses engagements et son projet pour la France. Dans cet ouvrage, le candidat à la primaire Les Républicains conclut sur ces mots : "Vive la France puissante ! Vive la France fière ! Vive la France heureuse !". Et c'est ainsi que l'ancien premier ministre construit le fil de sa campagne. Invité à l'antenne de RTL mardi 13 septembre, le favori des sondages a attaqué les "prophètes de malheur" : "Je crois en la confiance. Je veux que la France retrouve confiance en elle-même". 

En meeting à Strasbourg, Alain Juppé assume son optimisme : "J'ai une vision de la réalité en France (...) L'identité heureuse, c'est ce vers quoi je veux conduire notre pays. Il parait que je suis le prophète du bonheur. Chapeau !". Et c'est "contre vents et marées" qu'il souhaite porter le projet de l'identité heureuse moqué par Nicolas Sarkozy. "Je persiste et je signe !", lance-t-il lors de son discours. 

Se projeter sur l'intégralité du mandat

Le candidat à la primaire de la droite fait le constat que la France ne va pas mieux, contrairement à la formule employée à plusieurs reprises par François Hollande. Dans un entretien à Valeurs Actuelles, il explique : "Je n'aime pas mentir. Je n'aime pas raconter des sornettes au premier tour, pour ensuite atténuer mon discours au second tour en prétendant tout à coup rassembler et finir par ne plus agir après l'élection. Je veux rassembler car la France en a grand besoin. Il ne s'agit pas d'une stratégie électorale. C'est une nécessité difficile tant sur le plan économique que social, moral, politique". 

Fort de ce constat, Alain Juppé poursuit : "Comment gouverner dans le clivage, en montant les Français les uns contre les autres ? C'est impossible. Je ne pense pas à l'élection, je pense aux cinq ans qui suivent". Le candidat à la présidentielle s'en était pris directement à François Hollande dans son livre De vous à moi. Il estime ainsi que dès la première année du mandat du président de la République le "pouvoir est déjà profondément discrédité. Par une politique qu'inspirent l'idéologie et le besoin de revanche. Bouclier fiscal, énergie nucléaire, politique européenne, audiovisuel, retraite, lutte contre le chômage ou l'insécurité : pendant un an, François Hollande aura entrepris de détricoter consciencieusement ce qui avait été réalisé sous le quinquennat précédent, et pour la seule raison que cela l'avait été par son prédécesseur".

Miser sur "l'identité heureuse"

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Mais cela ne doit pas interférer avec la confiance et le bonheur que cherchent à transmettre Alain Juppé à ses électeurs. "Alain Juppé veut rendre les Français fiers et heureux", explique l'une de ses proches à L'Express. À Strasbourg, le candidat s'adresse directement "à ceux qui souffrent". "Je leur dis que nous allons rétablir la loi et l'ordre dans notre pays. Que je ne veux pas de zones de non-droit en France. Que l'État doit exercer ses fonctions régaliennes pour faire respecter non seulement la loi, mais également un certain nombre de principes fondamentaux, comme la laïcité". 

Alain Juppé place ainsi le concept d'"identité heureuse" au centre de son programme. Cet "idéal" permet de faire face à ceux qui estiment que la "France serait condamnée à la peur". L'identité heureuse ? "C'est mon objectif", c'est "une ambition collective". "Nous sommes fiers de cette tradition d'accueil et nous voulons la garder vivante. Nous avons le devoir d'exiger de ceux qui nous rejoignent qu'ils montrent une volonté véritable et sincère de s'intégrer à la communauté nationale, explique-t-il. Il faut une "maîtrise des flux migratoires" et des "quotas".  "Oui, notre identité nationale doit être défendue et je la défendrai", a-t-il aussi affirmé.  

Alain Juppé se place ainsi sur un créneau à l'opposé de celui préempté par Nicolas Sarkozy. Dans son dernier livre, Tout pour la France, l'ancien chef de l'État exploite les thématiques liés à l'autorité et l'identité. Ces derniers ont contribué à forger sa popularité. "Comme en 2012, dans un contexte inédit avec les attentats et la montée de l'islamisme, Nicolas Sarkozy sait qu'il peut exploiter ces sujets. Si les Français lui reprochent beaucoup de choses, son autorité et sa fermeté sont reconnues. L'ancien président de la République peut capitaliser dessus", explique Dominique Tenza, journaliste politique chez RTL.