Primaire de la droite : "La légitimité du futur candidat sera en question"

À moins d'une semaine du premier tour de la primaire de la droite et du centre, la mobilisation des électeurs de gauche demeure incertaine. Ces électeurs détiennent-ils les clés du résultat final ? Pour Philippe Moreau Chevrolet, professeur à Sciences Po et cofondateur de l'agence MCBG Conseil, la réponse est oui. Pour lui, si la primaire est élargie, cela peut ruiner les espoirs de Nicolas Sarkozy : "Cela peut favoriser un candidat qui n'est peut-être pas le meilleur candidat au regard de la droite mais le meilleur au regard des Français qui pensent qu'en votant à la primaire de droite, ils vont élire le prochain président. En d'autres termes, cela peut favoriser un Juppé ou peut-être même un Fillon qui sait", avance Philippe Moreau Chevrolet.

"Il faut souligner cette assez magnifique obscénité qui consiste à faire une primaire de la droite et du centre ouverte aux électeurs de gauche", dénonce de son côté le journaliste et écrivain André Bercoff. Cette primaire vient, selon lui, "minorer la politique". En revanche, il s'accorde sur le fait que cette mobilisation des électeurs de gauche peut avoir un impact : "Je crois que ça peut jouer un rôle dans les deux sens. Parce qu'il y en a qui disent au contraire "on va remettre Sarkozy" dans le cas où il y aurait un candidat de gauche au second tour". 

Les primaires ne sont qu'un furoncle sur la constitution de la Vème République.

André Bercoff, journaliste

Mais un candidat de droite qui sort vainqueur de la primaire grâce aux électeurs de gauche, cela peut-il nuire à sa légitimité ? La question de la pertinence d'une primaire ouverte est posée. Pour André Bercoff, c'est certain : "La légitimité du futur candidat sera en question", atteste-t-il. "C'est une épicerie nationale, nous ne votons plus pour une politique, nous faisons des calculs d'épicier au niveau national. Et c'est ça la démocratie !", déplore l'écrivain. "Le système avant c'était dix personnes dans une salle qui décidait de qui allait être le candidat pour toute la droite", rétorque Philippe Moreau Chevrolet. "Les citoyens n'acceptent plus ce système-là", estime le professeur à Sciences Po.

Visiblement écœuré, André Bercoff va plus loin et dénonce le système des primaires tel qu'il a été conçu en France : "C'est de la folie bureaucratique que de dire vous allez voter pour une primaire mais cette primaire concerne tout le monde. Les primaires ne sont qu'un furoncle sur la constitution de la Ve république. On est dans une marchandisation totale de la primaire". "Le système avant c'était l'opacité", rétorque Philippe Moreau Chevrolet. Pour lui, les électeurs sont devenus des stratèges : "Ils ne veulent plus qu'on leur impose des choix. C'est ce qu'on appelle le consumérisme politique".