Primaire de la droite : la percée de François Fillon décryptée par Alba Ventura
ÉDITO - Le "troisième homme" poursuit son ascension dans les sondages. Suffisamment pour nous surprendre lors du premier tour ?
Le dernier sondage Kantar Sofres - OnePoint pour RTL, publié lundi 14 novembre, marque le retour en force de François Fillon. L'ancien premier ministre est en très forte progression, en troisième position derrière Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Les cartes peuvent-elles être rebattues ? On se calme : c'est le deuxième sondage seulement qui donne François Fillon en forte progression. De plus, il y a encore un écart important entre lui et Nicolas Sarkozy (environ dix points, selon les cas de figure) et jusqu'à vingt points d'écart avec Alain Juppé, qui marque le pas même, s'il reste le favori.
Certes, c'est François Fillon aujourd'hui qui fait figure de troisième homme de la primaire. Mais rien n'est figé. Ce qui est vrai c'est que François Fillon a marqué des points lors du deuxième débat télévisé de la primaire. Il a été meilleur que ses adversaires. Il a été percutant. Ses arguments ont trouvé de l'écho. C'est pour cela qu'il prend des points à Bruno Le Maire, et aussi à Alain Juppé. Parce que le maire de Bordeaux, lui, a préféré faire profil bas et a préféré gérer sa campagne "pépère".
Avant, Fillon ne regardait pas les sondages
Vraiment "pépère" ? Dimanche 13 novembre, Alain Juppé a attaqué frontalement et pour la première fois François Fillon. Un signe qu'Alain Juppé ne peut pas seulement se contenter de gérer son avance. Lui qui avait jusque-là épargné François Fillon s'est demandé ce week-end : "Est-ce que de 2007 à 2012 - c’est-à-dire sous le gouvernement Fillon - on a profondément réformé ?" Un sacré tacle à une semaine du premier tour, alors que jusqu'ici Alain Juppé ne lui avait porté aucun coup.
Oui mais jusqu'ici Fillon ne décollait pas dans les sondages. Jusqu'ici Fillon ne criait pas sur tous les toits qu'il sera la surprise du second tour. Jusqu'ici Fillon ne mangeait pas la laine sur le dos de Juppé. Cette pique de Juppé à Fillon c'est donc le signe que le maire de Bordeaux ne peut pas rester les bras croisés face aux assauts des autres.
C'est le signe que François Fillon, s'il veut aller plus loin, doit convaincre au prochain débat qu'il est celui que la droite veut comme président.
La seule vérité est celle des urnes
C'est aussi le signe que les politiques, même expérimentés, continuent à prendre les sondages au pied de la lettre. D'ailleurs François Fillon, personne ne le regardait auparavant, lorsque les sondages le donnait à la traîne. Lui-même affirmait qu'ils ne reflétaient pas la réalité, ces sondages, avant d'expliquer aujourd'hui : "Je vous l'avais bien dit". Une seule mesure de l'opinion suffit à renverser l'état d'esprit de tout le monde. Juppé, Fillon, Sarkozy et les journalistes.
Il ne faut donc plus croire aux sondages ? On a passé toute la semaine dernière, avec l'élection de Donald Trump, à dire qu'il ne fallait pas croire les sondages. Il faut prendre les sondages pour ce qu'ils sont : une lecture partielle de la situation. Dans les sondages de la primaire, il y a une donnée que personne ne maîtrise : le corps électoral. Personne n'est capable de dire combien d'électeurs vont se déplacer, et qui ils sont. Cela change un peu la donne.
Cela veut aussi dire que d'ici le premier tour, tout est possible. Les sondages ne sont pas à jeter par les fenêtres, mais ils ne sont pas non plus la vérité. Car la seule vérité, ce sera celle des urnes avec le résultat du premier tour.
