La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a tenté d'éteindre le feu chez les urgentistes cette semaine. Ce mardi 23 décembre, la voilà face à la grève des médecins libéraux. En attendant celle des cliniques à la rentrée... Il y a comme un malaise entre le corps médical et le gouvernement.
La ministre est encerclée : sur sa gauche, les urgentistes, ces forçats de l'hôpital débordés. Sur sa droite, les cliniques privées en colère. Deux mondes aux antipodes et aux oppositions contradictoires. Le troisième front ouvert aujourd’hui, le plus mobilisé peut-être, c'est celui des médecins libéraux qui font barrage à la loi santé.
Les généralistes mettent 10 ans à se former, ils gagnent 3 fois moins que les spécialistes et ils sont parmi les moins bien payés d'Europe. 94% d'entre eux sont en secteur 1, à 23 euros la consultation.
La profession est de moins en moins attractive, en plus du numerus clausus : il y a des départements où l'on ne trouve plus de généralistes, d'où l'engorgement des urgences quand il y a une épidémie.
Le tiers payant est devenu l'épouvantail de cette loi. C'est la seule mesure grand public d'un texte assez technique et elle est devenue un totem. Il est banal à l'hôpital, dans les pharmacies et Marisol Touraine veut l'imposer au cabinet du généraliste.
Parce que de plus en plus de Français renoncent aux soins et pour la ministre c'est un enjeu de santé publique. Mais elle fait aussi de la politique avec cette généralisation, repérée comme une valeur de gauche, de justice sociale et plébiscitée par les Français dans les sondages.
Si le tiers payant fait débat, c'est pour trois raisons : premièrement parce que, selon eux, on ne peut pas dire sans cesse que le système de santé coûte trop cher et donner aux patients l'illusion qu'il est gratuit. Question de principe. Mais pour les médecins favorables au tiers payant, c'est un argument pour les patients riches qui peuvent se payer un spécialiste avec dépassements d'honoraires, quand trop de malades attendent le dernier moment, parfois trop tard, pour se soigner. Une prise en charge tardive coûte au final toujours plus cher au système.
Deuxièmement, si le tiers payant est généralisé en 2017, les médecins veulent être sûrs qu'ils seront rémunérés sans avoir à courir derrière la sécurité sociale ou les mutuelles. Ils redoutent l'usine à gaz. Le gouvernement promet qu'un dispositif technique sera prêt d'ici à 2017 mais les syndicats en doutent. Enfin, les médecins y voient la main mise de l'État sur la santé.
La ministre s'est attirée une solide inimitié auprès des médecins, même dans son camp elle ne fait pas toujours l’unanimité, on la juge courageuse mais parfois trop raide. Elle n'a pas trouvé les mots pour rassurer les professionnels. Un proche de l'Élysée n'en revient pas : "Elle fait un sans faute sur un dossier comme les retraites et sur la santé qu'elle connait bien, elle s'y prend toujours aussi mal".
La santé justement, c'est un peu comme à l'Éducation nationale. Les ministres qui ont laissé un bon souvenir, sont ceux qui n'ont rien tenté.
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