La semaine
dernière en recevant ici même Emmanuel Macron, on se demandait à son propos
pourquoi tant de unes. Ce matin, une autre question s'impose quand il s'agit de
parler des rapports de la presse avec vous et de vos rapports avec la presse. Pourquoi
tant de haine ? Soyons clairs, Marine Le Pen, vous n'aimez pas la presse, vous
dénoncez les médias "bobo gauchos" passés aux mains de grands patrons, Le Monde, L'Obs, BFM
que vous accusez de faire outrageusement
campagne pour Macron. Et en meeting, vous vous félicitez que le peuple se soit
tourné vers Internet pour s'informer. Parce que, aviez-vous dit, Internet c'est
là que tout se sait, là que tout se dit sans censure et sans contrôle. Est-ce
de cette information- là que vous voulez ?
Le week-end
dernier, le journal britannique The Guardian a publié une enquête très fouillée
sur la campagne numérique de Donald Trump. Deux chercheurs d'Oxford racontent comment
ont été créés pendant la campagne américaine des milliers de sites Internet
montés uniquement pour fournir juste quelques liens vers des articles
pro-Trump. Ce qui inquiète particulièrement les chercheurs, ce sont les
centaines de milliers de robots dormants qu’ils ont découverts, par exemple des
comptes Twitter près à être mobilisés pour faire monter un sujet ou une fausse
information. Des techniques inventées en Russie et qui s’exportent partout, y
compris en France. Si c’est cela l’Internet vers lequel il est légitime que le
peuple se tourne, il y a de quoi s’inquiéter.
Et du grain à moudre. Pour preuve les sites de désintox qui pullulent depuis le
début de la campagne.
Le Monde qui
fait aujourd’hui sa une avec Marine Le Pen. Parce que quand même il y a des
unes du Monde qui doivent vous faire plaisir, et celle-ci en est sûrement une :
"Un Français sur trois en accord avec les idées du FN et prêt à voter le
Pen". Diantre ! À la lecture de cette une, il y a comme une impression de
déjà-vu. Libération du 9 janvier 2012 vous met en une avec Jean-Marie Le Pen et
ce titre : "30% n'excluraient pas de voter Le Pen". Et en sous-titre : "Pourquoi les idées du FN s'installent". Retour vers le futur. Bon,
sauf que sur cette une de Libé, il y a aussi un titre dans la colonne de droite
qui nous rappelle qu'on était bien en 2012, "Morano démission"...
Les idées du
FN s'installent et les affaires n'altèrent pas votre image, dit aussi l'enquête
de 2017. Ça n'imprime pas disent tous les experts interrogés dans les médias
ces derniers jours. Et l'on en revient à la solidité de votre socle électoral.
Un socle qui par endroit se fissure pourtant. Le magazine Society en fait la
une de son dernier numéro : "Le FN on l'aime ou on le quitte". En
deux ans, 28% des élus municipaux du FN ont déchiré leur carte du parti ou
renoncé à leur mandat. Ils racontent ce qui les a dégoûtés: clientélisme, magouilles,
mépris des électeurs, centralisation à outrance, amateurisme. "On est
devenu pire que le RPR", dit l'un d'eux...
La presse
analyse aussi les meetings de Marine Le Pen. Dans le dernier Parisien Magazine,
des sémiologues se sont penchés sur la rhétorique de vos meetings. Des cinq
principaux candidats, vous êtes celle qui verse le plus dans l’imaginaire, le
storytelling, l’art de raconter, "avec une voix puissante, ni féminine ni
masculine." Ni féminine ni masculine, c'est peut-être là votre contribution à
l'égalité homme femme, vous avez fait de
la femme politique un homme politique comme les autres. C'est ce que dit ce matin
le Huffington Post qui se pose cette question en cette journée des droits de la
femme : "une élection de Marine Le Pen serait-elle une victoire pour les
femmes ?" "Il y a en tout cas, dit le site, une victoire du
féminisme dans le simple fait qu'une candidate ne soit pas attaquée en tant que
femme mais en tant qu'adversaire politique."
Sauf que
cette fois vous jouez de cette image de femme. Valeurs Actuelles, qui vous a
mise en une cette semaine, notent votre nouvelle féminité revendiquée, vous
assumez d’en faire un "atout" dans votre conquête du pouvoir. "Je suis une femme : il est beaucoup plus difficile
de nous faire quitter les pieds du sol", dites-vous au magazine.
En parlant
de pied, le magazine Polka a demandé à un chorégraphe de regarder vos meetings
en coupant le son, il a vu une
inquiétude corporelle puis un crescendo, il a vu en vous une danseuse
folklorique. Ce qu'il n'a pas vu, c'est ce qu'il s'est passé après le
meeting, quand vous avez regagné votre
loge, coulisses que raconte aussi le magazine Polka. Vous improvisez un
discours de remerciement pour votre équipe et soudain vous vous arrêtez, pour
chanter Dalida : "Moi je veux mourir sur scène." Cela dit, on
ne découvre pas aujourd’hui votre passion pour Dalida. Souvenez-vous, c'était
en 2012, vous étiez interrogé sur Nicolas Sarkozy.
Alors c'est vrai, c'est la journée des droits de la
femme, ce 8 mars, et le monde entier regarde la France parce que le FN est aux
portes du pouvoir, parce que le plafond de verre aurait sauté, parce que le Brexit,
parce que les États-Unis. Mais à chaque fois que vous faites référence à Donald
Trump, vous rappelez sans le vouloir qu'il y a ce plafond de verre dont parle
toute la presse en ce matin du 8 mars, vous nous rappelez sans le vouloir qu'un
pays comme l'Amérique a préféré élire plutôt qu'une femme, un homme qui se
vante de les attraper par la chatte. Encore des mots, toujours des mots.
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