Cagoulés, masqués en pleine nuit dans les rues. C'est ainsi que les policiers ont une nouvelle fois bravé l'interdiction de manifester. À Paris, ils étaient près de 500 sur l'esplanade du Trocadéro, à entonner La Marseillaise. Leur manifestation s'est ensuite poursuivie sur les Champs-Élysées avant de tenter de rejoindre le ministère de l'Intérieur. À Lyon, le mouvement de contestation a rassemblé près de 800 fonctionnaires défilant entre la place Bellecour et l'hôtel de ville. Ils étaient aussi environ 400 à Melun, 120 à Evry, une centaine d'agents à Bobigny, Toulouse, Carcassonne et Bordeaux, une cinquantaine à Montpellier et à Tarbes. À Marseille, près de 200 policiers se sont rassemblés à 23 heures sur le Vieux Port avant de rallier le palais de justice, sirènes hurlantes et gyrophares allumés.
Cette grogne s'est manifestée après l'agression de Viry-Chatillon, où un adjoint de sécurité de 28 ans a été très grièvement brûlé. Il est toujours hospitalisé, plongé dans un coma artificiel mais n'est plus sous assistance respiratoire. Sa collègue, une gardienne de la paix de 39 ans, également grièvement touchée, a quitté l'hôpital mardi soir.
Marine Le Pen a posté une vidéo sur son compte Twitter dans laquelle elle adresse un message de soutien aux fonctionnaires de police. "Si j'ai décidé de m'adresser directement à vous, c'est pour vous dire combien nous vous comprenons et vous soutenons dans les moments difficiles que vous traversez. Confrontés à une situation que nos dirigeants qualifient eux-même de guerre, guerre dans laquelle vous êtes en première ligne, vous vous sentez à juste titre abandonnés par le pouvoir en place", dit-elle. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a réagi et expliqué voir la "patte" du Front national dans ces actions "hors la loi" d'agents de police. Nouvelle réponse de la présidente du Front national, qui affirme que le mécontentement des forces de police est "légitime et sain".
Cependant les déclarations du premier secrétaire du Parti socialiste faisaient écho à une étude d'intentions de vote, réalisée par le Cevipof. Comme le souligne 20 Minutes, "les forces de l'ordre (policiers et militaires, dont les gendarmes) sont un peu plus de 56% à envisager de voter en faveur du Front national lors de l'élection présidentielle à venir. Selon le politologue Luc Rouba, joint par le journal, "le vote chez les policiers était auparavant orienté à droite mais les chiffres montrent une déperdition complète de la droite républicaine au profit du Front national. Ceux qui ont voté pour Nicolas Sarkozy en 2012 projettent de glisser un bulletin Front national dans l’urne en 2017".
D'après Le Point, un ancien adjoint de sécurité et sympathisant Front national aurait pris la tête du mouvement de contestations. "Problème : il a quitté la police", révèle le magazine. "Très actif pour récupérer la colère des policiers, il était présent à Évry le soir où le DGPN Jean-Marc Falcone a été hué à la sortie de la Direction départementale de la sécurité publique. 'C'était un des plus véhéments, raconte un fonctionnaire présent. Plus il s'agite, plus les autres suivent. Il profite d'une réelle frustration et d'une vraie révolte'", ajoute Le Point.
Rodolphe Schartz avait lancé un appel à Marine Le Pen afin qu'elle rejoigne le rassemblement à Évry
"Le Point"
En 2013, Rodolphe Schwartz a fondé l'Association de défense des forces de l'ordre. "Comme lui, ses rares adhérents gravitent autour du Front national et du Rassemblement Bleu Marine. Il a d'ailleurs figuré sur la liste de Wallerand de Saint-Just lors des dernières élections municipales à Paris. Sur son compte Facebook, il avait lancé un appel à Marine Le Pen afin qu'elle rejoigne le rassemblement à Évry, d'où est partie la révolte des policiers de terrain", peut-on lire.
Face à cette mobilisation qui s'étend, Manuel Valls a appelé les policiers à "continuer le dialogue". Le gouvernement condamne par ailleurs l'"utilisation politique" du mouvement par l'opposition. Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas qui a promis "la plus grande fermeté" envers ceux qui s'en prennent aux fonctionnaires de police, a dit dans un entretien à La Croix vouloir remédier au "manque d'informations" sur les suites judiciaires données aux interpellations afin de démontrer qu'il n'y pas de laxisme de la justice. La veille, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait promis aux syndicats policiers qu'une concertation serait lancée dès lundi dans les départements.
Sur la défensive, le gouvernement pointe la responsabilité vers la droite, qui a supprimé, selon lui, 10.000 postes sous la présidence Sarkozy. "Mensonges", a rétorqué l'ancien chef de l'État, candidat à la primaire de droite. "La Cour des comptes a publié un rapport démontrant qu'en décembre 2015, il y avait 868 policiers et gendarmes de moins à l'époque de François Hollande qu'avec moi", a-t-il affirmé. "Nous avons créé près de 6.500 emplois, il en reste 2.500 à créer en 2017", a riposté Bernard Cazeneuve, en marge d'un déplacement à Villeneuve-d'Ascq (Nord).
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