Loi Travail : "Une fois de plus, c'est le triomphe de la République des demi-mesures", dit Alain Duhamel

Manuel Valls a reçu les partenaires sociaux ce lundi 14 mars et a présenté une version remaniée du projet de réforme du Code du travail. Parmi ses concessions : le plafonnement des indemnités prud'homales est abandonné. Et pour Alain Duhamel, "on peut parler de recul". "Avec la loi El Khomri, Manuel Valls voulait faire la démonstration de son réformisme en matière économique et sociale. Il voulait en faire le totem de sa volonté de changement. La réalité est qu'il est obligé, en fait, d'en rabattre. Il garde l'ossature générale de la loi, mais à l'intérieur, ce qui était ambitieux sur le plan économique est très édulcoré, quelques fois purement et simplement supprimé. Et en revanche, les mesures de protection sociale sont renforcées", décrypte le journaliste politique, pour qui cette seconde mouture ressemble à "une victoire de la CFDT sur le Medef".

Les forces conservatrices sont toujours plus fortes que les forces réformatrices

Alain Duhamel

"Manuel Valls paie les erreurs tactiques de ces deux dernières semaines", poursuit Alain Duhamel, faisant référence à la tension sociale : "Ce qui devait être une loi novatrice est devenue une loi anxiogène". Ce projet de loi était la dernière grande réforme du quinquennat de François Hollande. "C'est, une fois de plus, la victoire la République des demi-mesures. On lance des réformes, puis on prend peur, on recule, on modifie, quelques fois on renonce purement et simplement... On l'a vu sous des gouvernements de gauche, de droite. Les résultats, on les voit aussi", note l'écrivain.

Alain Duhamel conclut : "En France, les forces conservatrices sont toujours plus fortes que les forces réformatrices. Et la conclusion à tirer de tout ça, c'est que quand on a une réforme qui est assez audacieuse et qu'on veut la faire passer, il faut l'annoncer pendant la campagne électorale, il faut se dépêcher de la réaliser dès qu'on est au pouvoir et il faut bien réfléchir à sa pédagogie".