Le bras de fer continue entre les syndicats et le gouvernement. Les premiers veulent pouvoir défiler à Paris jeudi 23 juin. La préfecture propose un "rassemblement statique". On sent le gouvernement déterminé à faire interdire cette manifestation. Non seulement parce que si les Français ne sont pas convaincus par la loi Travail, ils en ont assez de la violence et des casseurs. Mais aussi parce que le gouvernement est en recherche d'autorité, et qu'il veut en faire la démonstration.
Maintenant, interdire une manif de la part d'un gouvernement de gauche c'est du jamais vu. Même Nicolas Sarkozy trouve que ce n'est pas "raisonnable". Marine Le Pen préfère, elle, "le maintien de l'ordre à l'interdiction de manifester". On n'est pas dupe de ces prises de positions électoralistes : l'un comme l'autre ne veulent pas froisser les classes populaires. Mais, encore une fois, un gouvernement de gauche qui interdirait de manifester, ce n'est pas très naturel.
Les syndicats eux aussi sont déterminés. Et c'est bien le problème, parce que le jusqu'au-boutisme a quand même assez duré. On est en état d'urgence, en plein Euro de football, avec une menace terroriste, des forces de l'ordre épuisées et des services d'ordre - notamment celui de la CGT, dont on disait qu'il était le meilleur - incapables de tenir les casseurs.
Pour toutes ces raisons, on a proposé aux syndicats de faire un meeting géant place de la Nation. On peut leur proposer la place de la République, s'ils préfèrent ! Regardez : Jean-Luc Mélenchon fait des manifestations statiques, et ça marche. Mais les syndicats refusent, alors que les risques sont partout.
Nous sommes dans une situation totalement absurde. On est dans un pays où les syndicats, quand ils manifestent, sont habitués à voir le pouvoir reculer. On est dans un pays où on autorise sous état d'urgence des défilés toutes les semaines et où, tout d'un coup, on arrête tout. Nous sommes dans un pays où, en plein conflit social, le leader de la CGT et la ministre du Travail font semblant de se rencontrer après s'être ignoré pendant trois mois. Ce n'est plus possible d'avoir des relations sociales comme ça.
On a complètement perdu la recette du dialogue social. Il va falloir que tout le monde réapprenne d'urgence à se parler pour réformer le Code du travail, pour reprendre les négociations sur l'assurance-chômage qui sont au point mort. Mettre en place une nouvelle méthode de dialogue social, ça doit aussi être un enjeu de la présidentielle. On le voit : le gouvernement n'a le choix qu'entre deux mauvaises solutions. Soit il interdit pour démontrer sa fermeté au mépris du dialogue social, soit il autorise en abîmant son autorité et en risquant des débordements. Il a le choix entre la peste ou le choléra.
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