Loi Travail : le Parti socialiste risque-t-il d'imploser ?

On refait le monde, avec : 
- Ivan Rioufol, éditorialiste au Figaro
- Juan Pedro Quinonero, correspondant du journal espagnol ABC
- Roland Cayrol, politologue 
- Denis Tillinac, écrivain et journaliste

La loi Travail a été définitivement adoptée grâce à l'article 49.3, utilisé par le gouvernement pour faire passer la loi en force devant l'Assemblée nationale. La droite n'a pas réussi à rassembler les 288 voix requises pour qu'une motion de censure ne soit adoptée et les opposants de gauche n'ont pas réuni le nombre de signatures nécessaires pour déposer une motion de censure. Mais cette grogne persistance à gauche est-elle le signe avant-coureur d'une implosion du Parti socialiste, d'autant que des militants de base veulent absolument qu'une primaire désigne le candidat à la présidentielle de 2017 ? 

Hors de France, l'impression est que le Parti socialiste est en train de vivre une "guerre civile", selon Juan Pedro Quinonero, habitué aux crises politiques qui ont marqué l'Espagne récemment. "Il n'y a que le pouvoir qui tient plus ou moins la route et qui peut tenir jusqu'à 2017". Cependant, le PS ne risque pas de se démembrer, car les partis politiques sont comme les journaux : "très difficiles à mettre en route, mais une fois qu'ils sont là...", ironise le journaliste. 

Je pense que l'on va vivre sur une fiction pendant encore un an

Ivan Riouffol

Ivan Rioufol n'est quant à lui pas surpris de la mauvaise passe que connaît le Parti socialiste. "Cet attelage qui part à hue et à dia, partait à hue et à dia depuis le début" explique l'éditorialiste du Figaro. D'après lui, la synthèse désirée par François Hollande était impossible à réaliser tant les oppositions entre socialistes réformistes et les "purs et durs" étaient irréconciliables. D'un autre côté, le PS n'a aucun intérêt à se saborder. "Je pense que l'on va vivre sur une fiction pendant encore un an. C'est-à-dire que l'on va vivre dans un immobilisme qu'induisent ces oppositions qui empêchent de fonctionner", conclut Ivan Rioufol. 

La mayonnaise sera aigre pour le PS, prévient le politologue Roland Cayrol, qui observe que les frondeurs sont persuadés qu'ils n'ont pas dévié de la ligne du PS de 2012. Ce n'est donc pas qu'une question de posture. "Ils pensent que les traîtres sont les autres. Ils estiment que François Hollande, Emmanuel Macron ou Manuel Valls ont tourné social-libéral. Et c'est pour eux l'horreur absolue", lâche le politologue. "Ils n'ont pas du tout envie de partir. Il faudra les mettre dehors", conclut-il, persuadé qu'Arnaud Montebourg sera candidat à la présidentielle, galvanisé par les louanges des frondeurs.

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D'après l'écrivain Denis Tillinac, les oppositions entre Socialistes ne datent pas d'hier. "Historiquement, depuis la Révolution, il y a une gauche radicale et une gauche démocratique et réformiste. De temps en temps elles se détestent (..) et de temps et temps quelqu'un fait la synthèse", déclare l'écrivain. Selon lui, le Parti n'implosera pas, sauf peut-être à cause d'une crise, comme la perte  "probable" de la présidentielle. "À partir de ce moment-là, ils vont égorger Hollande, Valls et Macron", conclut Denis Tillinac.