La disparition de Johnny Hallyday, mercredi 6 décembre, a suscité une vive émotion dans le monde politique. Chacun y est allé de son hommage. C'était plutôt sincère. Même si certaines réactions m'ont fait sourire, d'autres m'ont plus touchée. L'hommage de Jean-Pierre Raffarin était authentique parce que nous savons que, dans la classe politique, il est l'un des plus grands fans de Johnny. Vous savez, il faut que je vous raconte une petite anecdote à propos de Jean-Pierre Raffarin que je suivais lorsqu'il était premier ministre.
Nous étions en déplacement à Moscou lorsque la chanson Marie est sortie. La radio pour laquelle je travaillais m'avait demandé de recueillir ses impressions. J'attendais la fin du petit débriefing que nous avions sur sa rencontre avec Poutine pour lui poser la question. Jean-Pierre Raffarin nous a dit qu'il n'avait pas encore acheté l'album, mais que c'est "la première chose" qu'il ferait une fois rentré à Paris.
Et là, il a attendu quelques secondes. Il s'est retourné. Il a pointé son doigt vers la petite foule de journalistes, et il s'est mis à chanter : "Quand tu ne te sens plus chatte, et que tu deviens chienne, et qu'à l'appel du loup, tu brises enfin tes chaînes, que je t'aime". J’en garde un souvenir impérissable. Et je me suis dis : pour qu'un premier ministre en arrive là, c'est qu'il a vraiment Johnny dans la peau.
Il y aussi des réactions qui m'ont faire sourire (je me moque un peu). Il y a ceux qui ont oublié que la politique ce n'est pas tout dans la vie. Comme Alexis Corbière, de la France insoumise, qui ne peut pas s'empêcher de faire son premier tweet mêlant la mort de Johnny au Smic. Je me dis qu'il y en qui n'ont rien compris. Ne soyez pas trop pressé, monsieur Corbière, la politique peut se taire parfois.
Et puis il y a ceux qui en font trop, tout de suite. Parce que parfois, ce qui ne va pas c'est la figure imposée. Comme Benoît Hamon, pour qui la disparition de Johnny "c'est un peu comme si Paris perdait sa tour Eiffel", ou Aurore Bergé, jeune députée de La République En Marche, pour laquelle "l'émotion qui traverse le pays sera comparable à celle qui a suivi le décès de Victor Hugo".
À l'inverse, j'ai apprécié la minute de silence à l'Assemblée nationale. Ce n'était pas ridicule, parce qu'on rendait hommage, sans surenchère, avec dignité, à une personnalité immensément populaire.
Qu'adorait donc tant les politiques chez Johnny, au-delà de son charisme et de sa voix ? Le chanteur était en prise directe avec la France. Tout politique rêve d'avoir cette relation avec les Français. Et plus que ça, une relation qui est restée intact pendant cinquante-sept ans. Johnny a survécu aux époques. Alors bien sûr, il a connu quelques trous d'air.
Mais il a eu l'intelligence - et ça aussi c'est une leçon pour les politiques -, de se nourrir des jeunes générations, quand, en politique, on a tant de mal à les faire émerger. Il avait une capacité à se renouveler. Le doute, aussi : c'était quelqu'un qui, sans cesse, se remettait en question.
En fait, il était tout simplement un phénomène populaire. Johnny, c'était une idée de la France. Cette France populaire qui s'est éloignée des politiques.
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