COP21 : "Dans tous les cas de figure, François Hollande sera perdant", dit Benjamin Sportouch

Nous sommes à deux semaines du grand sommet climat à Paris. François Hollande a pu espérer en tirer un profit politique, électoral. Aujourd'hui, il déchante. Il n'y a pas si longtemps que cela le chef de l'État était convaincu que ce rendez-vous serait une véritable aubaine pour lui. Un Président en majesté qui vient sauver la planète, une sorte de "Superman vert" au milieu de 80 chefs d'État (au bas mot), et autant de clichés qui ne pouvaient que le servir. Mais ça, c'était avant. Avant le désenchantement.

Aujourd'hui (c'est l'un de ses plus proches conseillers qui le confie), accord ou pas accord, le résultat sera le même : tout simplement nul, néant, zéro. "Si c'est un échec, le président en pâtira, si c'est un succès ça ne lui sera pas bénéfique", dit ce collaborateur. Bref dans tous les cas de figure François Hollande serait perdant.

Sarkozy, Hollande : la même désillusion

Avant lui, Nicolas Sarkozy aussi s'était cassé les dents sur l'écologie. C'est un point commun entre les deux hommes, c'est possible. Comme l'actuel locataire de l'Élysée, le patron des Républicains est passé par la même désillusion. En 2007, il avait lancé à grands renforts de communication le Grenelle de l'Environnement. Il y avait mis les formes, mais aussi les stars. On avait même déroulé le tapis rouge pour Al Gore. À l'époque, l'ancien vice-président américain était le chantre, que dis-je ! le héros de la préservation de la planète. Son documentaire écolo avait fait le tour du monde. C'était Hollywood à l'Élysée !

Nicolas Sarkozy aussi espérait à ce moment-là s'arroger le monopole de l'écologie. Sauf que ça ne s'est pas vraiment passé comme il l'imaginait. D'où un revirement sans appel. C'était en 2011, en plein salon de l'agriculture. Le même Nicolas Sarkozy qui balançait publiquement : "L'environnement ça commence à bien faire". Et bien vous voyez, d'ici 2017, on n'exclut pas que Hollande change aussi de braquet, comme Sarkozy avant lui.

Court terme contre long terme

Pourquoi cette prise de conscience tardive ? Parce que Nicolas Sarkozy comme François Hollande n'ont pas intégré que leurs échéances politiques étaient incompatibles avec l'écologie. C'est le court terme contre le long terme. Autrement dit, il est plus simple de développer les lignes de bus Macron moins chers mais plus polluantes que d'investir dans le train qui demande plus de temps et d'argent.

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Il y a un autre obstacle qu'ils ont tous les deux minimisé : toutes ces catégories d'électeurs qui ne trouvent pas leur compte dans les contraintes écologiques (les agriculteurs et les transporteurs routiers). C'est encore plus compliqué quand vous êtes François Hollande, c'est-à-dire un adepte de la synthèse qui ne veut surtout mécontenter personne.

En fait, Nicolas Sarkozy et François Hollande sont tombés dans leur propre piège. L'opportunisme n'a jamais fondé ni une conviction ni une politique, et a fortiori une élection. En matière d'écologie, Nicolas Sarkozy l'a appris à ses dépens. François Hollande, lui, est en train d'ouvrir les yeux.

Le carnet du jour

L'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault a gagné une bataille fiscale à l'Assemblée. Celui qui jusque-là était peu bavard commence à sortir du bois pour canarder son successeur. Quand Manuel Valls critique les hausses d'impôts de 2012, pour Jean-Marc Ayrault "il fragilise le récit du quinquennat". Selon lui, cela a rendu François Hollande furax.

L'autre cible de l'ancien chef du gouvernement, c'est Emmanuel Macron. Pour Jean-Marc Ayrault, le ministre de l'Économie joue une musique "dissonante" à gauche. "Il n'est pas social-libéral mais libéral tout court". Et Ayrault lui est cash, tout court.

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