"Cécile Duflot est Vallso-allergique", dit Alba Ventura
REPLAY / ÉDITO - La députée EELV a remis en route la machine à claques contre Manuel Valls. Elle n'a jamais cessé de le cogner et d'enjamber le Premier ministre. Car madame Duflot ne traite qu'avec la présidence.
Cécile Duflot n'a, une nouvelle fois, pas épargné Manuel Valls. dans une interview au journal Le Monde (daté du 1er avril), l'ancienne patronne des Verts explique que "le logiciel du Premier ministre est périmé". On se demande quand même lequel des deux a le logiciel le plus périmé ? On est toujours l'idiot de quelqu'un, vous savez.
Mais effectivement, elle y va fort. Au lendemain de ces départementales désastreuses pour la gauche, elle a décidé de pilonner le chef du gouvernement. Elle dit que Manuel Valls est "entêté", et qu'être entêté cela peut être "une faute politique". Elle dit aussi que "Valls a le verbe haut" et se demande "où sont ses résultats ?" Visiblement, Cécile Duflot avait envie de s'offrir une interview bien gratinée pour son anniversaire (elle célèbre ses 40 ans aujourd'hui). Son cadeau, c'était de "se payer" le premier ministre.
Elle surnommait Valls "Pépé"
Mais ça ne date pas d'hier. Ils ont un antagonisme depuis toujours sur les valeurs. Souvenez-vous du débat sur les roms au début du quinquennat. Souvenez-vous aussi de leur prise de bec sur la réforme pénale. À l'époque, elle lui avait trouvé le petit surnom de "Pépé". Le "Pépé" d'Astérix en Hispanie : ce personnage qui est décrit comme fier et capricieux, et qui retient sa respiration à chaque fois qu'il est contrarié.
Mais elle a arrêté de faire de l'humour quand elle parle de Manuel Valls. Elle a changé de ton depuis qu'il est devenu premier ministre. Depuis qu'il a détricoté sa loi sur le logement, elle lui en veut terriblement. Cécile Duflot était "Ayrault-compatible". Elle est "Vallso-allergique".
Duflot est très "politique"
Cette interview très offensive acte-t-elle une rupture ? Pas tout de suite ! On peut trouver Cécile Duflot immature et désinvolte, et elle l'est bien souvent. Mais elle est surtout très "politique". Elle est jeune, mais elle a depuis longtemps acquis des réflexes dignes des plus grands politiciens.
Ensuite, elle est piégée d'une certaine manière. On voit bien qu'elle est train de faire le constat que sa stratégie avec Jean-Luc Mélechon est une impasse, qu'elle va dans le mur. Elle rêve peut-être de créer une grande force citoyenne, sur l'air du "qui m'aime me suive". Mais force est de constater que pour l'instant il n'y a pas grand monde derrière. Ça ne se bouscule pas. Ses proches le disent très clairement : "Nous ne sommes pas en voie de radicalisation, nous ne sommes pas des protestataires".
Mieux, dans l'interview qu'elle donne au Monde, elle entrouvre un tout petit peu la porte pour les élections régionales à un rassemblement de la gauche, avec le PS , là où le Front national est fort. Sous-entendu en PACA et dans le Nord-Pas de Calais-Picardie.
Elle n'est pas tout à fait encore dans une stratégie de rupture totale. Elle est dans un règlement de comptes personnel avec Manuel Valls, et dans un rapport de force avec François Hollande.
Traitement de faveur présidentiel
Cécile Duflot dit d'ailleurs que "la discussion se poursuit" avec François Hollande. Elle traite avec le sommet de l'État. On a bien vu qu'elle n'avait pas hésité à monter dans l'avion du Président de retour de Tunis. Elle veut négocier directement avec celui-là même qu'elle a traité de "Président de personne" dans le livre qu'elle publiait à la rentrée.
Il faut dire que François Hollande lui a toujours accordé un traitement de faveur quand elle était au gouvernement. Elle en profite. Ce qu'elle cherche à lui arracher, ce sont quelques gestes symboliques, et surtout lui mettre la pression avant les régionales et la présidentielle.
C'est toute l'ironie de l'histoire. Les Verts ne pèsent que 2%. Ils ont 40 conseillers départementaux sur plus de 2.000. Ils ne sont plus vraiment dans le radar. Mais si Hollande veut se sauver, il faudra en passer par eux.
