Le Premier ministre Manuel Valls s'est longuement exprimé dimanche 7 décembre au soir sur France 2. Une mode n'a-t-elle pas été lancée : celle qui consiste à aller à la télé pour ne rien dire ? Car à défaut d'avoir annoncé quoi que ce soit, on a eu droit à une grande déclaration la main sur le cœur : "Je ne suis pas un déserteur" (...), "Non je ne quitterai pas Matignon, en pleine tourmente, j'irai jusqu'au bout".
Dit comme cela, ça peut paraître convaincant. Notons au passage que pour quelqu'un qui ne souhaite pas employer le vocabulaire "guerrier", avec "déserteur, on reste quand même dans l'univers "guerrier". C'est difficile d'y échapper.
Manuel Valls pose trois conditions à son maintien :
- Que François Hollande veuille bien le garder ;
- Que la majorité le soutienne ;
- Qu'on le laisse faire les réformes.
Ce sont trois conditions qui sont loin d'être remplies. D'ici à ce qu'il finisse le quinquennat, il y a une sérieuse dose d'incertitude.
Ce week-end, un sondage donnait Manuel Valls comme le principal espoir du Parti socialiste. À Matignon, on a dû être ravi. Manuel Valls est celui qui incarne le mieux l'avenir du PS, largement devant Najat Vallaud-Belkacem ou Arnaud Montebourg.
Notez toutefois le paradoxe : dans le même sondage, il est dit que les sympathisants socialistes veulent une politique plus à gauche. Dans le journal Les Échos (daté 8 décembre), ce sont 90% des Français qui désapprouvent la politique du gouvernement.
Cela dit toute la difficulté de la situation pour le Premier ministre. La question qui se pose à lui, c'est comment assumer une politique économique, qui est celle de François Hollande (et qui contrarie la gauche) sans hypothéquer ses chances d'être demain le leader du PS ? Ce n'est pas simple.
Manuel Valls espère que son discours sur l'égalité lui servira de référence
Alba Ventura
C'est pour cela qu'il passe à l'offensive. C'est le "Valls à trois temps". Le premier temps, c'était la semaine dernière : Manuel Valls était devant les députés dit "réformistes" pour un apéro convivial à l'Assemblée. Là, il a compté ses forces et ses troupes. Le deuxième temps, c'était donc avec cette interview télévisée sur France 2 : 40 minutes pour parler, cette fois, aux Français.
Le troisième temps, ce sera mercredi 10 décembre : le "grand" discours sur l'égalité. Manuel Valls espère que ce sera un discours de "référence", un discours fait pour rester, pour marquer ses valeurs (la République, l'Espagnol qui est devenu français et l'égalité des chances). Il espère que cette intervention lui servira pour l'avenir.
Manuel Valls cherche un chemin. Il cherche à s'adresser à sa majorité, à cette gauche qu'il trouve passéiste, à ce PS dont il aurait volontiers changé le nom. Il sait qu'il va avoir besoin de se créer des amitiés, même si elles ne sont que politiques. Il sait que l'on ne réussit pas tout seul, qu'il ne peut pas rester isolé. Cela ne va pas être facile, parce qu'il a fâché beaucoup de monde.
Il y a des similitudes avec la situation dans laquelle était Nicolas Sarkozy en 2002/2004. Il avait marqué l'opinion avec de grandes déclarations, puis était venu le moment de construire des alliances. Manuel Valls doit montrer qu'il n'est pas seulement iconoclaste, mais qu'il est capable d'emmener son camp.
Il doit passer du franc-tireur au chef d'équipe et au chef de la majorité. Une mutation pas facile à opérer.
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