Malgré le retrait de Transavia Europe, le statu quo persiste après la suspension des négociations entre Air France et ses pilotes, en grève depuis douze jours pour s'opposer aux conditions de développement de la filiale à bas coût.
Avec les pilotes d'Air France, c'est "toujours plus". Dès lors qu'ils ont obtenu le retrait du projet Transavia Europe, ils ont voulu négocier le projet Transavia France. C'est sans limite. Mais dans cette affaire, il n'y a pas que les pilotes ou la direction de la compagnie aérienne qui se sont comportés "comme des manches".
On connaissait les couacs entre ministres et gouvernement. Là, on a eu le couac entre un gouvernement et une entreprise dont l'État est actionnaire.
On a quand même assisté à des allers-retours assez étonnants. Le cabinet du ministre des Transports a d'abord fait savoir discrètement qu'Alain Vidalies avait demandé au patron d'Air France d'arrêter les dégâts et d'abandonner son projet Transavia Europe. Réponse du patron d'Air France, Alexandre de Juniac : "Non, le projet n'est pas abandonné, il est seulement reporté". En prime, il reçoit le soutien du Premier ministre. La grève continue.
On a assisté à des allers-retours assez étonnants
Alba Ventura
Le lendemain, le ministre des Transports va lui-même annoncer à la radio l'abandon du projet. Que fait le patron d'Air France ? Rebelote : "Pas du tout, le projet n'est pas abandonné !" Soit Alexandre de Juniac est quelque peu rigide, soit le gouvernement a du mal à comprendre qu'il n'est pas le patron d'Air France. Il a dû y avoir un peu des deux, vue la joyeuse pagaille.
Alain Vidalies a fait de la politique. Le ministre des Transports savait bien qu'à un moment, l'État serait tenu comptable d'une grève trop longue. Cela coûte cher, cela pénalise les usagers, sans compter que cela donne une image exécrable à l'étranger. Aucun gouvernement ne peut supporter un conflit qui s'éternise, même si c'est moins grave qu'à la SNCF.
Le ministre a fait comprendre à Alexandre de Juniac qu'il fallait se calmer. Le patron d'Air France aurait pu être réceptif. Il connait bien les couloirs de Bercy pour avoir été directeur de cabinet de Christine Lagarde. Il connait bien l'administration pour avoir fait l'ENA. Il aurait pu. Sauf qu'aujourd'hui, Alexandre de Juniac est un chef d'entreprise, et l'État est minoritaire (15%) dans le capital d'Air France. Tout cela est bien ambigu.
Lorsqu'on est actionnaire minoritaire, on conserve certes un pouvoir d'influence. Mais ça ne fait pas de l'État le patron d'Air France. C'est comme Renault. Là aussi, l'État est actionnaire à plus de 15%. Cela n'a pas empêché Renault de délocaliser à Tanger, par exemple.
Même à GDF-Suez, où l'État a plus de 34% (la minorité de blocage), ce dernier peut toujours bloquer des décisions. Mais il ne peut pas empêcher GDF-Suez de faire un recours devant la justice pour pouvoir augmenter les tarifs d'EDF.
Tout le monde a voulu montrer ses muscles. Au final, c'est Air France qui est affaiblie
Alba Ventura
L'État a beau être actionnaire, il est loin de faire la pluie et le beau temps. Cela promet pour d'autres réformes dans des entreprises dans lesquelles l'État a des parts. Résultat : dans cette affaire, tout le monde a voulu montrer ses muscles pour, au final, affaiblir Air France. Chapeau la compagnie !
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