Il n'est pas rare d'entendre que les discours des extrêmes politiques, jugés stigmatisants envers la religion musulmane, font le jeu de la propagande jihadiste. Cet été, lors de la polémique autour du port du burkini sur les plages françaises, le sujet a fait le tour des sphères jihadistes selon les spécialistes, alimentant le discours de victimisation de la population musulmane en terre de kuffar, ou terre de mécréance. Un discours qui consiste à pointer l'exclusion des musulmans dans leurs propres pays à cause de leur religion, et appelant ainsi à rejoindre une terre d'islam où ils seront, en principe, respectés et égaux des autres habitants.
Pour les membres d'organisations terroristes, plus les musulmans sont rejetés, plus il est facile de les convaincre de rejoindre ses rangs. Ainsi, les lois contre le voile à l'école ou l'interdiction de la burka dans l'espace public en France sont brandies comme des lois anti-musulmans.
Une frange de ces islamistes considèrent qu'avec l'élection de Donald Trump à la tête des États-Unis, le pays qui symbolise le plus l'impérialisme occidental, ils n'auront plus besoin de faire de la propagande anti-Occident. Ils n'ont qu'à "retranscrire tels quels ses discours", se réjouit un combattant chargé des médias chez al-Qaïda auprès de Wassim Nasr, auteur de L'État islamique, le fait accompli et journaliste à France24, joint par RTL.fr. Le spécialiste s'est entretenu avec plusieurs jihadistes sur le cas Trump, applaudi depuis son investiture par le parti républicain.
L'une des prophéties des jihadistes annonce que les gouvernements occidentaux vont se retourner contre leur propre population musulmane. Le décret anti-immigration, qui concerne les ressortissants de 7 pays musulmans, est du pain béni pour la propagande jihadiste. C'est une nouvelle preuve, pour eux, que les États-Unis se retournent contre leur propre citoyens musulmans et donc le signe que la prophétie se réalise. Comme l'explique Wassim Nasr, si il a toujours été compliqué pour les ressortissants de ces pays d'obtenir un visa américain, "la nouveauté c'est qu'il remet en cause le visa et la green card", soit les résidents permanents aussi.
Les vétérans irakiens qui combattent aux côtés des troupes américaines se voient également refuser l'entrée du pays. Ce qui pose la question de la réciprocité en Irak. Sur place, des soldats américains, 4.600 selon Le Figaro, luttent avec les forces irakiennes et kurdes pour tenter de déloger Daesh de Mossoul. Si Bagdad applique la réciprocité de ce décret, la question se posera alors pour ces troupes américaines. Selon Wassim Nasr, ces hommes qui risquent leur vie pour se battre avec les États-Unis "risquent de se sentir lésés".
"Tu vois, on t'avait dit, c'est un signe du ciel", lui a alors confié un jihadiste pour qui "c'est la main de Dieu qui l'a fait gagner afin d'acter la confrontation finale". La victoire du candidat républicain a été une surprise pour le monde occidental qui ne pouvait imaginer l'accession au pouvoir d'un homme aux propos si controversés. Ces actions considérées comme anti-musulmans alimentent donc la propagande jihadiste. Pour eux, c'est juste que la prophétie s'accomplit.
Selon eux, Donald Trump "dit tout haut ce que l'Occident pense tout bas". "¨Par exemple, quand il dit clairement qu'il veut confisquer le pétrole en Irak", illustre Wassim Nasr. Les jihadistes pensent qu'il a le mérite d'être honnête avec ses intentions. Alors qu'il a réagi sur Twitter à l'attaque survenue contre des soldats français au Carrousel du Louvre le 3 février 2017, le chef d'État américain n'a absolument fait aucune déclaration concernant la tuerie dans une mosquée à Québec perpétrée quelques jours plus tôt à l'encontre de fidèles musulmans.
Là encore, une "preuve" qui alimente la théorie selon laquelle il y aurait deux poids deux mesures en fonction des victimes, et surtout de leur religion. Cette idée ne gagne pas du terrain que dans la logique jihadiste mais s'étend au-delà. Selon le journaliste de France24, "les Irakiens aussi pensent" que l'Occident veut juste leur pétrole.
Plus encore, "cette idée que Donald Trump serait le vrai visage de l'Occident ratisse large dans le monde arabe". Elle ne concerne plus seulement la sphère jihadiste donc mais s'étend à la population. Pourtant, comme le souligne le spécialiste, "c'est une idée qui est fausse", rappelant la mobilisation internationale des citoyens contre ce décret anti-immigration qu'ils considèrent comme raciste et islamophobe.
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