La voiture électrique connaît un extraordinaire succès au royaume de Norvège. Figurez-vous qu'une voiture neuve sur deux vendue en 2017 dans ce petit pays d'un peu plus de 5 millions d'habitants était une voiture électrique ou hybride. C'est le premier et le seul pays au monde à avoir atteint une telle proportion.
La Norvège envisage désormais de bannir complètement l'achat de véhicules à moteur thermique (c'est-à-dire au pétrole) dès 2025. C'est très impressionnant. Dans les rues d'Oslo, où je me trouve, il n'y a d'abord que peu de voitures (ce n'est pas seulement à cause de la neige qui tombe en permanence), et elles sont très silencieuses parce qu'il y a beaucoup d'électrique.
Qu'est-ce qui explique cet engouement ? Une politique très incitative, grâce à l'argent public. C'est un paradoxe intéressant. Le budget de l'État est largement financé par les recettes liées à l'exploitation du pétrole. La Norvège est le treizième producteur mondial. On l'utilise en partie pour décarboner l'économie, ou au moins les transports individuels.
Les voitures propres sont ici exonérées de TVA tout d'abord. Cela peut représenter pour les gros modèles jusqu'à 25.000 euros d'écart entre une électrique ou hybride et une thermique. Et il y a en plus beaucoup d'avantages liés à la circulation.
Ces voitures peuvent emprunter les couloirs de bus (sauf aux heures de pointe). Surtout, elles ne payent pas les péages de ponts ou tunnels, qui sont très nombreux dans ce pays où la mer rentre dans les terres avec les fjords.
C'est ainsi, dans l'île de Finnoy, que la proportion de voitures électriques est la plus élevée du pays, parce que le passage dans le tunnel qui relie l'île au continent est facturé 15 euros, sauf pour ceux qui roulent en électrique (c'est gratuit pour eux).
Les parkings sont aussi gratuits, et les charges électriques sont bien souvent gratuites. C'est un atout dans ce pays où les coûts d'utilisation et de parking d'une voiture sont très élevés.
Je me suis garé, lundi 15 janvier, dans le centre de la ville, avec une Golf à essence : c'est 7 euros de l'heure. Si vous vous garez à moins de 5 mètres de l'intersection entre deux rues, c'est 90 euros d'amende.
Toutes ces subventions coûtent cher à l'État : des centaines de millions d'euros. Certaines voix s'élèvent contre cette politique. Les voitures électriques ne représentent que 5% des trajets - qui sont de très loin les plus subventionnés par la collectivité -, alors que les transports publics comptent, eux, pour la moitié des trajets urbains. Le tramway, en particulier, est très développé ici.
C'est vrai que les subventions les plus importantes sont concentrées sur les plus gros véhicules, via l'exonération de TVA, c'est-à-dire qu'elles profitent surtout aux ménages les plus aisés.
Cela veut-il dire que la Norvège pourrait renoncer à cette politique de subventions ? La diminuer au moins, c'est assez probable. Mais pas au point de la faire disparaître. Car le pays tient à poursuivre le développement de la voiture électrique pour faire baisser les émissions de carbone.
Cela permet en réalité de compenser en partie celles de l'industrie pétrolière, le moteur de l'économie locale. À cause de l'exploitation de l'or noir en mer du Nord, la Norvège est, en effet, l'un des rares pays occidentaux à avoir vu ses émissions de CO2 progresser depuis 1990. Et cela malgré une électricité qui est produite à 100% par les barrages hydroélectriques. Il n'y a donc guère qu'avec la voiture qu'elle peut espérer compenser cela.
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