Nicaragua : deux morts dans des protestations anti-canal

De violents heurts ont marqué mercredi 24 décembre au Nicaragua une manifestation de paysans contre la construction d'un canal entre le Pacifique et la mer Caraïbe censé concurrencer celui de Panama, faisant deux morts tués par les forces de l'ordre, selon des opposants au projet, une information que la police a démentie.

Les incidents se sont produits lors d'une manifestation qui a débuté mardi dans la commune de Tule, dans la province de Río San Juan, et s'est poursuivie mercredi. Elle rassemblait des centaines de paysans qui protestent contre l'expropriation de leurs terres.

Au moins 21 personnes ont été blessées et 33 arrêtées lors de la dispersion par la police des manifestants, a déclaré la directrice de la police, qui a précisé que 15 policiers et 6 civils avaient été blessés dont l'un grièvement.

En revanche, elle a démenti que deux personnes aient été tuées comme l'a affirmé un député, membre d'un parti d'opposition. Une accusation relayée par l'un des organisateurs : "La police nous a attaqués avec des bombes lacrymogènes et des balles à blanc", a déclaré Daniel Lorio, qui affirme avoir vu les corps des deux victimes sur la route.

30.000 paysans et indigènes menacés de déplacement

Le chantier pharaonique du canal interocéanique a été lancé officiellement lundi par les autorités du Nicaragua et l'entreprise chinoise HKND. Estimé à 50 milliards de dollars (cinq fois le PIB du pays) il s'agit du projet le plus ambitieux d'Amérique latine.

Depuis des mois les manifestations se multiplient, qu'il s'agisse de paysans menacés d'expropriation, ou d'associations inquiètes du risque de catastrophe écologique.

Le chantier menace en effet de déplacer 30.000 paysans et indigènes ramas et nahuas qui vivent sur le tracé. La crainte est aussi que le canal, en traversant un lac (celui de Cocibolca), n'y fasse entrer de l'eau salée, ce qui menacerait les espèces locales.