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Méditerranée : un record de 137.000 migrants en 2015
L'Europe est confrontée à un afflux inédit de réfugiés, notamment sur les côtes italiennes et grecques. Le nombre de décès flambe également. L'ONU demande un meilleur accueil et plus de solidarité.
Les chiffres dévoilés par l'agence des Nations Unies pour les réfugiés sont édifiants. Un nombre record de 137.000 migrants ont traversé la Méditerranée dans des conditions périlleuses au cours du premier semestre 2015, la plupart du temps pour fuir des conflits, indiquent les Nations Unies ce mercredi 1er juillet. Ce qui représente une hausse de 83% par rapport au premier semestre 2014.
La situation devrait empirer avec l'été, quand les passeurs clandestins redoublent d'activité. Ainsi, le nombre de migrants en Méditerranée était passé en 2014 de 75.000 au premier semestre à 219.000 à la fin de l'année, selon le Haut commissariat des Nations Unies aux réfugiés (UNHCR). À la merci des passeurs, la plupart des migrants font cette traversée sur des embarcations de fortune. "L'Europe est confrontée à une crise des réfugiés par voie maritime qui atteint des proportions historiques", alerte l'UNHCR.
1.867 morts en 2015
L'institution précise que, dans leur immense majorité, ces migrants et réfugiés fuient les conflits et les violences. "La plupart des gens qui arrivent par voie maritime en Europe sont des réfugiés, qui cherchent une protection contre la guerre et les persécutions", souligne le dirigeant de l'UNHCR Antonio Guterres. Ainsi, un tiers des hommes, femmes et enfants qui ont rejoint la Grèce ou l'Italie par la mer en 2015 arrivent de Syrie, ravagée par la guerre depuis 2011. Les personnes fuyant les violences en Afghanistan et le régime répressif en Érythrée représentent 12% des arrivées, selon l'UNHCR. La Somalie, le Nigeria, l'Irak et le Soudan sont les autres principaux pays d'origine des migrants.
Ces dangereux périples entraînent aussi de nombreuses morts. Le nombre victimes, sur les six premiers mois de 2015, s'élève à 1.867 - dont 1.308 pour le seul mois d'avril. Les drames et les naufrages en avril ont conduit les dirigeants de l'Union européenne à accélérer les opérations de recherche et de sauvetage en Méditerranée, ramenant le nombre de morts à 68 en mai et 12 en juin. Pour l'UNHCR, ces chiffres montrent qu'"avec la bonne politique, soutenue par une réponse opérationnelle effective, il est possible de sauver plus de vies en mer". Mais Antonio Guterres met l'accent sur la nécessité de "rester vigilant". Il souligne que, "pour les milliers de réfugiés et de migrants qui continuent de traverser la Méditerranée chaque semaine, le risque reste très élevé".
67.000 arrivées en Italie cette année
Les réfugiés et migrants commencent souvent leur périple en cherchant refuge dans des pays voisins débordés. Le rapport cite le cas du Liban, dont un quart des habitants sont désormais des réfugiés syriens. Le document enregistre également un changement dans les itinéraires des migrants : le trajet de la Turquie vers la Grèce supplante désormais celui entre l'Afrique du Nord et l'Italie. Cette dernière, qui a vu arriver 170.000 migrants et réfugiés sur ses côtes en 2014 - plus des trois quarts des arrivées par la mer en Europe - enregistre 67.500 arrivées au premier semestre 2015. En revanche, la Grèce comptabilise sur les six premiers mois de 2015 68.000 arrivées, contre 43.500 sur l'ensemble de l'année 2014.
Beaucoup de réfugiés et de migrants poursuivent leur route vers l'Allemagne et la Suède, réputées plus accueillantes. Les migrants sont alors confrontés à un nouveau voyage long et dangereux, souvent à la merci des passeurs clandestins à travers les Balkans et en Hongrie.
L'ONU demande une solidarité accrue
Par ailleurs, le rapport appelle à plus de solidarité vis-à-vis des migrants (amélioration des conditions d'accueil, création de routes légales de migration) et des pays européens qui en reçoivent le plus. L'ONU salue la décision européenne de répartir entre plusieurs pays 40.000 demandeurs d'asile syriens et érythréens, pour soulager la pression sur l'Italie et la Grèce. Mais elle juge que d'autres mesures sont nécessaires.
Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi a récemment piqué un coup de sang contre ses homologues européens, durant un débat consacré aux migrants, pour obtenir leur engagement à prendre en charge ces 40.000 demandeurs d'asile. Fin juin, les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont lancé une mission navale de lutte contre le trafic de migrants en Méditerranée. Mais elle reste, pour l'instant, limitée à une surveillance des réseaux de passeurs.
