Considéré comme des criminels il y a un peu plus de vingt ans, les homosexuels irlandais pourraient bien être autorisés prochainement à se marier. Premier pays du monde à soumettre la question à un référendum, l'Irlande demande ce vendredi 22 mai aux électeurs de se prononcer sur la question du "mariage entre deux personnes, sans distinction de sexe".
Selon les derniers sondages, le "oui" devrait l'emporter, même si
l'écart avec le "non" s'est apparemment réduit à l'approche du vote. L'adoption de cette réforme permettrait à l'Irlande de rejoindre les 18
pays, dont 13 en Europe, où le mariage entre personnes de même sexe a
été légalisé, ou est en passe de l'être. Ces unions sont devenues légales en 2014 chez le voisin britannique, à l'exception de l'Irlande
du Nord.
Le "oui" au référendum est ardemment défendu par le Premier ministre
Enda Kenny, patron du Fine Gael, un parti pourtant plutôt conservateur.
"L'idée que toutes les unions puissent être égales a allumé une flamme
dans le cœur des Irlandais", a-t-il dit dans un de ses tweets quasi
quotidiens sur le sujet.
Le chef du gouvernement irlandais a appelé ses concitoyens à "œuvrer
(...) pour le oui" de l'ouverture à la fermeture des bureaux de vote,
entre 7h et 22h. Le camp du oui peut aussi se prévaloir
du soutien de célébrités du monde du sport, de la musique et du cinéma,
dont l'acteur Colin Farrell ou le chanteur Bono.
Face à eux, l'Église catholique d'Irlande et les conservateurs ont mené une campagne énergique, arguant que le mariage devait être l'apanage des couples composés d'un homme et d'une femme désireux de fonder une famille. "Je ne vote pas 'non' pour voter contre les gays et les lesbiennes, mais pour m'opposer à un changement de la nature intrinsèque du mariage", a déclaré l’archevêque de Dublin, Diarmuid Martin.
"Le mariage, c'est un homme et une femme qui s'unissent, et qui deviennent père et mère", a-t-il martelé, reprenant les arguments de ceux qui affirment que le mariage homosexuel affaiblirait la famille traditionnelle en permettant aux couples homosexuels d'adopter ou de faire appel à des mères porteuses.
Mais si la parole de l’Église avait autrefois force de loi, la situation est bien différente en 2015. L’Irlande est un pays profondément catholique, mais l'évolution des mentalités liée aux bouleversements économiques et sociaux a émancipé la population du dogme religieux. Le simple fait qu'une consultation soit organisée sur le sujet illustre l'évolution des mœurs dans ce pays de 4,6 millions d'habitants. Il a considéré l'homosexualité comme un crime jusqu'en 1993 et n'a légalisé le divorce qu'en 1995. L'avortement y reste interdit, sauf lorsque la vie de la mère est en danger.
"D'un point de vue historique, la longue histoire d'amour entre l’Église catholique et l'Irlande a été, comme chantait Ella Fitzgerald, trop intense pour ne pas décliner", notait dans le quotidien britannique The Guardian l'intellectuelle irlandaise Mary Kenny. L’Église paie aussi le prix du scandale des affaires de pédophilie qui ont profondément choqué l'opinion publique. Quelque 14.500 enfants auraient été victimes de prêtres pédophiles, dont les actes ont parfois été couverts par des responsables religieux.
Alors que les plus de 65 ans semblent pencher pour le non, et les jeunes de moins de 35 ans pour le oui, le référendum devait se jouer en partie dans "l'Irlande moyenne", en particulier les zones rurales où l'influence de l'Église reste plus marquée. Verdict samedi 23 mai dans l'après-midi.
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