La Banque des règlements internationaux est un organisme international (c'est un peu le spécialiste de la météo financière mondiale). Elle a publié lundi 19 septembre une étude qui a fait le compte de toutes les dettes accumulées en Chine : il y en a pour 22.000 milliards d'euros, lorsqu'on additionne l'endettement de l'État, des ménages, et surtout des entreprises. Le pays a atteint la côte d'alerte, nous dit-elle. Il est en risque de voir les faillites se multiplier et les banques s'effondrer sous les crédits non remboursables.
Les entreprises sont particulièrement endettées. Il s'agit des grands conglomérats publics, dans la sidérurgie, la construction navale, le bâtiment et l'énergie. Leur situation financière est mauvaise, parfois désastreuse. Ce sont des mammouths, avec des dizaines de milliers de salariés, qui continuent à produire à bas coût alors que les marchés ont chuté, à la fois à l'exportation et en Chine même. Elles produisent sans clients, il y a désormais des surcapacités considérables, qui ont été constituées à crédit, c'est-à-dire en accumulant les dettes. Le complexe sidérurgique de Bohai Steel, à Tianjin, sur la côte orientale, vient ainsi de subir une restructuration de plus de 20 milliards d'euros.
Pourquoi les avoir laissé faire ? Parce que le gouvernement cherche à entretenir la croissance par tous les moyens, y compris les moyens artificiels. Du coup, il a dopé l'économie chinoise au crédit, et cela depuis la crise financière de 2009, en fermant les yeux sur les aventures des mastodontes publics, voire en les encourageant. Les banques étant elles-mêmes publiques, elles ont accumulé des centaines de milliards d'euros de créances pourries, et dans l'industrie, et dans l'immobilier, où il y a là aussi une surcapacité considérable. L'économie chinoise est largement sur-gonflée. Il lui faut, pour se maintenir, de plus en plus de dettes et de crédits. Exactement comme un drogué qui a besoin d'augmenter les doses, ce qui ne fait qu'accroître le risque de krach.
Pour comprendre la mécanique d'une crise financière, la psychologie humaine est plus utile que les équations financières
François Lenglet
Pourtant cela fait longtemps qu'on nous parle d'un krach en Chine, et il ne s'est toujours pas produit. On va vous répondre en véritable obstiné : comme il ne s'est pas produit, les déséquilibres ne font que s'accroître, la dette ne fait que grimper, et ce krach est donc de plus en plus probable. Un économiste américain, Hyman Minsky, a théorisé le phénomène. Il explique que c'est le calme apparent qui conduit toujours les entrepreneurs, les banquiers et les financiers, à prendre de plus en plus de risques parce qu'ils n'ont plus peur de la faillite. Ce qui déclenche évidemment une crise.
C'est donc la stabilité qui crée, mécaniquement, de l'instabilité. Et l'inverse est tout aussi vrai. Après une crise, tout le monde a peur, tout le monde est beaucoup plus prudent que d'habitude. L'instabilité crée donc de la stabilité dans la période qui suit. Tout cela nous montre que pour comprendre la mécanique d'une crise financière, la psychologie humaine est beaucoup plus utile que les équations financières.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte